La grogne monte parmi le personnel de la maison de retraite du Poitou. Des salariés ont décidé, dimanche 11 février, de se mobiliser après la décision de la SNCF de céder l’établissement à un organisme privé, sans concertation préalable avec eux (voir notre article du 26 janvier). Une salariée va adresser une lettre à Brigitte Macron pour l’informer du désarroi du personnel.
Suite à l’annonce de la SNCF de céder les Ehpad (Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) de Villevaudé et Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), des salariés se sont réunis, dimanche après-midi, chez une de leurs collègues résidant à Brou-sur-Chantereine. Actuellement, la résidence du Poitou, à Villevaudé, héberge 38 résidents et, sur les trente-deux personnes qui y travaillent, une dizaine serait en arrêt maladie.
Une employée, qui souhaite conserver l’anonymat, a rédigé une lettre à Brigitte Macron afin de l’alerter sur leur malaise. Le courrier a déjà obtenu l’approbation et la signature des participants à la réunion de dimanche. Il sera adressé mercredi à l’Elysée, le temps de recueillir d’autres signatures d’ici là.
Elle écrit : « Aides-soignantes, infirmières, agents de service, nous sommes dans une situation d’incertitude de notre devenir en tant que travailleurs. Aujourd’hui, la direction nous annonce notre cession au privé ». La salariée reconnaît, tout comme la plupart de ses collègues, « être pourtant fière de travailler à la SNCF qui représente les valeurs françaises ».
La rédactrice poursuit : « Employés de l’Ephad de Villevaudé, nous avons choisi de signer un contrat grâce auquel nous savions que nous pouvions exercer notre travail avec des valeurs humaines. Le respect de la personne et la qualité de sa prise en charge sont centraux à notre philosophie de travail. Notre employeur bannit toutes ces valeurs de la France, sans nous donner le choix de rester employés de la SNCF qui est une grande famille ».
Les salariés ne veulent plus être mis devant le fait accompli. Ils attendent des réponses claires et précises à leurs interrogations. « Si nous sommes repris, le serons-nous avec notre ancienneté ? Pourrons-nous être détachés et conserver le statut de cheminot ? Pour ceux qui sont proches de la retraite, pourrons-nous obtenir une rupture conventionnelle ou un licenciement amiable ? » s’inquiète une aide-soignante. Sa collègue, qui travaille dans l’équipe de nuit, renchérit : « Depuis l’annonce en décembre 2016, le sort des résidents est largement abordé, mais celui des salariés très peu, voire quasiment pas. On nous parle d’accompagnement des salariés, mais personne en fait ne se déplace pour répondre à nos questions ».
Un représentant du syndicat Sud Rail assistait également à la réunion. Il va déposer une DCI (demande de concertation immédiate) sur la souffrance psychologique du personnel et s’est engagé « à organiser la lutte afin que ce dernier soit entendu de la direction de la SNCF ».