Les deux centres médicaux de Monthyon ne désemplissent pas. Lundi 5 février, municipalité, praticiens et usagers ont commenté la réussite des deux établissements de santé implantés en plein désert médical.
Le village souffrait d’un vide médical et les élus ont mis les bouchées doubles afin de le combler. Il fallait financer les projets autant qu’attirer les praticiens qui souvent préfèrent s’assurer une clientèle en ville plutôt qu’en zone rurale… et encore, même à Meaux, ils ne sont toujours pas assez nombreux malgré le nouveau pôle ouvert l’année dernière dans le quartier du Marché.
Monthyon compte 1 700 habitants. De chaque côté de la rue principale, les deux bâtiments identiques des maisons de santé se font face. L’offre n’est pas de trop pour les habitants . Claude Decuypère, le maire, explique : « Le premier centre médical a été réalisé en 2009 par mon prédécesseur, Bernard Lefranc, et conçu pour offrir aux professionnels de santé un espace fonctionnel. Tout de suite, les praticiens ont réclamé des agrandissements et d’autres locaux pour d’autres confrères. Le succès a fait qu’en 2016, nous avons réalisé sa réplique avec en plus, au-dessus, quatre logements de type F3. C’est un argument de taille pour attirer les praticiens. En outre, ceux déjà installés ont témoigné de manière positive sur le fonctionnement du premier centre, ce qui a facilité nos démarches pour remplir nos cabinets. Nous avons ainsi réussi à remplir nos onze cabinets. Il en reste deux disponibles et nous espérons accueillir un dermatologue et un ophtalmologue car ce sont deux domaines particulièrement recherchés par les habitants ». [voir notre précédent article ici]
La municipalité avoue qu’elle a dû s’endetter pour construire les deux centres médicaux. Claude Decuypère raconte : « Nous sommes une commune rurale. Nous devons faire attention aux finances et nous ne voulons pas augmenter les impôts locaux. Le promoteur a réalisé un montage financier en équilibre afin de pouvoir construire le bâtiment qui a été inauguré en 2017. Au départ, il a fallu faire confiance et se lancer dans les travaux, construire la structure, mais au final, la commune récupère les dépenses grâce aux recettes des loyers qui couvrent les échéances d’emprunt. Dans vingt ans, la structure sera payée et il s’agit d’une activité rentable ». Le deuxième centre médical a aussi bénéficié des retombées positives du premier centre.
Pour que l’opération immobilière s’équilibre rapidement, il faut que tous les locaux et les appartements soient loués. Le maire dévoile : « On ne peut pas parler de secret, je dirais plutôt qu’il s’agit d’une recette : il faut aller au charbon ! J’ai dû en passer des coups de fil pour chercher des médecins et des praticiens de santé. Il a fallu aller les chercher. Pour les attirer, nous avions notre argument de taille : les deux appartements réservés au-dessus. Il faut aussi savoir se vendre : parler de la commune et de ses avantages. En ce qui nous concerne, nous sommes à dix minutes de Meaux, quarante minutes de Paris, il y a tous les commerces à proximité, nos écoles comptent 250 enfants. De plus, les praticiens du premier centre nous ont aidés à convaincre. Ils ont expliqué aux intéressés que le centre peut drainer la population des communes rurales alentours qui ne possèdent ni cabinets ni centres médicaux. En plus, nous avons une pharmacie, ce qui est extrêmement pratique. Une banque a même installé un distributeur à billets, ce qui démontre qu’il y a du passage ». Le maire a également insisté sur l’engagement de la municipalité en faveur du développement commercial de proximité.
L’autre gros avantage d’un centre médical dans une commune rurale est que les patients obtiennent des rendez-vous plus rapidement et peuvent se garer facilement et gratuitement. Les habitants et les patients ont également témoigné de l’utilité d’un établissement de santé de proximité. Etienne Grandjean vient de Cuisy et explique : « C’est à côté de chez moi, et ça roule bien. En plus, c’est pluridisciplinaire : médecin généraliste, infirmière, orthophoniste, psychologue… » Bérénice Trinchard, de Dammartin-en-Goële, raconte pourquoi elle préfère le centre médical de Monthyon : « Il y a un partenariat entre les différents praticiens et ils communiquent entre eux, c’est plus pratique pour les patients ».
Corine Berthy est psychomotricienne au centre et explique : « Avec tous les collègues du centre, nous travaillons en équipe et proposons des activités pluridisciplinaires et novatrices : groupes thérapeutiques à médiation sportive où le sport permet une approche psycho-corporelle ou à médiation animale comme par exemple avec un poney. L’enfant développe son sens de la responsabilité ou travaille l’équilibre… »
La municipalité et les praticiens recherchent encore deux autres professionnels pour compléter l’équipe médicale et paramédicale en place.