La médiathèque de l’Orangerie de Claye-Souilly a célébré l’univers du polar, samedi 3 et dimanche 4 février. Des animations, jeux, conférences, rencontres et dédicaces ont égayé le week-end, histoire que les visiteurs ne broient pas du noir.
Le roman policier, qu’il s’adresse aux jeunes ou aux adultes, représente un tiers des ouvrages empruntés à la médiathèque clayoise. Il n’en fallait pas plus pour que la fête du livre, lancée pour la première fois samedi matin par le maire, Yves Albarello, ne prenne une coloration résolument noire. Un café musical sur les musiques de films policiers, des jeux et des maquillages pour les plus jeunes, des rencontres d’auteurs et de dédicaces (Benoît Minville et Nicolas Mathieu), une sélection des meilleurs polars 2017 par Gérard Meudal, ancien journaliste à Libération, et les bibliothécaires de Claye-Souilly et de Villeparisis, ont ravi les amateurs du genre tout au long du week-end.
Samuel Schwiegelhofer, ancien bibliothécaire à la Bilipo (Bibliothèque des littératures policières) à Paris, a tenu une conférence, samedi après-midi, sur le cinéma policier. « Le cinéma policier vient lui-même d’un autre genre, le roman policier qui est apparu au XIXe siècle et dont il s’est fortement inspiré » a-t-il avancé.
A l’origine, le genre, jugé vulgaire, a été décrié, mais dès l’apparition du cinéma, en 1895, des pionniers s’en sont emparé et en ont fait un divertissement populaire, tels Birt Acres, Georges Méliès, Ferdinand Zecca, Louis Feuillade. « Le fait divers est très lié au roman et film policiers et le XIXe siècle n’en manque pas avec l’essor de la presse. Tout de suite, il y a eu un enjeu commercial entre les grandes compagnies de cinéma, comme Gaumont et Pathé » a souligné l’intervenant.
Le public se précipitait alors dans les salles de cinéma pour frissonner de plaisir devant les aventures trépidantes de Fantômas ou de Judex, des feuilletons haletants dans lesquels les héros étaient d’ingénieux criminels ou de ténébreux justiciers. La Première Guerre mondiale, si elle met un frein à la production européenne, n’a pas empêché l’apparition d’un personnage emblématique : le détective. Ce dernier connaîtra plus tard son apogée en Angleterre, avec Scotland Yard, mais aussi aux Etats-Unis, avec le FBI.
Le film noir est typique des années trente. Jean Gabin fait ses débuts dans « Méphisto » avec René Navarre, l’acteur qui incarnait justement Fantômas dans les films de Louis Feuillade. Mais c’est dans « Touchez pas au grisbi » de Jacques Becker (1954) que Jean Gabin va, selon Samuel Schwiegelhofer, « désacraliser en France la figure du gangster ». De même, grâce à l’adaptation des dialogues d’Albert Simonin, l’argot va prendre une nouvelle saveur dans les propos truculents des « Tontons flingueurs », le film de Georges Lautner (1963), avec Francis Blanche, Bernard Blier, Lino Ventura et Jean Lefebvre.
Enfin, Samuel Schwiegelhofer note que « l’urbanité a favorisé l’apparition des petits truands de banlieue ». Alain Delon, Jean-Paul Belmondo et Gérard Depardieu ont ainsi interprété des rôles de voyous à leurs débuts devant la caméra.