Le programme de démolition-reconstruction de la cité cheminote à Chelles est lancé. L’ADLBCV (Amicale de défense des locataires breuillois-chellois-vairois) reproche à ICF-Habitat La Sablière, le bailleur, de ne pas avoir pu s’exprimer sur le dossier et de ne pas en connaître la teneur.
La convention de réhabilitation du site a été signée, jeudi 19 octobre, à l’hôtel de ville de Chelles, par Paul Miguel, président de l’agglomération Paris-Vallée de la Marne, Brice Rabaste, maire de Chelles, Antonio de Carvalho, maire de Brou-sur-Chantereine, et Jean-Luc Vidon, directeur d’ICF-Habitat pour La Sablière.
ICF-Habitat La Sablière gère le parc immobilier locatif de la SNCF. La cité cheminote de Brou-sur-Chantereine et Chelles, à l’origine des pavillons édifiés à partir de 1923 pour les employés des gares de triage de Chelles et Vaires-sur-Marne, en fait partie. La cité comprend aujourd’hui 552 pavillons, dont 123 en pierres meulières, et 320 appartements (construits en 1958, réhabilités en 1992) dans le quartier des Arcades, à Chelles, ainsi que plusieurs jardins en bordure de la RD934.
Évalué à 97 millions d’euros, le programme comportera deux phases. La première portera sur la démolition (320 logements) puis la reconstruction de la cité des immeubles collectifs des Arcades (387 logements), 105 maisons individuelles et 34 appartements en résidence pour personnes âgées (147 logements seront destinés à l’accession à la propriété). Le programme s’échelonnera sur dix ans et pour un montant de 62 millions d’euros. La seconde concernera la réhabilitation de la cité pavillonnaire, qui s’étend sur Chelles et Brou-sur-Chantereine (552 logements), sur une période de quatre ans et pour un coût de 35 millions d’euros.
En 2009, ICF-Habitat avait engagé une étude sur le renouvellement patrimonial de la cité cheminote. « La requalification de la cité cheminote baissera la consommation énergétique de 30 à 50 % pour les locataires. Au niveau architectural, elle s’attachera à la colorimétrie, aux matériaux et végétaux. La construction de logements neufs permettra un parcours résidentiel, avec la création de nouveaux appartements aux typologies plus diversifiées et adaptées, bénéficiant des normes PMR (Personnes à mobilité réduite). Pour mener à bien la conduite des projets, les acteurs seront associés afin de permettre, là où cela est nécessaire, le relogement et l’accompagnement des habitants » assure-t-on au service communication d’ICF-Habitat.
Pour Dominique Canu, président de l’ADLBCV, le bailleur social utilise le prétexte du relogement, imposé par la démolition, pour appliquer la loi sans état d’âme. « Côté Arcades, nous avons obtenu que le relogement soit garanti au m² équivalent et, dans le programme neuf, en priorité ; ce qui n’était pas acquis au départ. En revanche, il demeure un point de désaccord que nous avons acté lors de la signature de la charte de relogement des locataires. Il porte sur l’application des règles de sous-occupation validées par la loi égalité-citoyenneté » indique-t-il.
Selon lui, un résident seul dans un F3 âgé de plus de 65 ans est protégé par la loi Molle de 2009 et ne peut être contraint d’être relogé dans un F2.
L’ADLBCV s’était mobilisée en 2015 et 2016 et avait obtenu, d’ICF-Habitat, une enveloppe exceptionnelle de 100 000 euros, afin de pallier les travaux les plus urgents dans les pavillons (mise aux normes électriques à la relocation).
Aujourd’hui, les points de désaccord se cristallisent sur les travaux envisagés et, surtout, sur la volonté du bailleur « d’appliquer la 3e ligne de quittance pour contraindre les locataires à participer financièrement aux travaux d’économie d’énergie sur une période de quinze ans ».
Toujours selon Dominique Canu, une augmentation de loyer n’est pas à exclure si, dans le cadre de la convention d’utilité sociale (CUS) 2018-2023, le bailleur applique la nouvelle politique des loyers (NPL), qui l’autoriserait à dépasser le montant du loyer plafond.
Afin d’informer les locataires sur ce qu’elle estime être « des dangers » et, éventuellement, envisager une mobilisation, l’ADLBCV prépare une réunion publique qui se tiendra salle Jean-Baptiste Clément, dans le parc de la mairie de Brou-sur-Chantereine, vendredi 10 novembre à 18 h 30.