Les élus de Mitry-Mory ont débattu, mardi 10 octobre, sur la motion pour le maintien de la ligne 17 et l’abandon du projet CDG Express. Si la majorité municipale l’a adoptée, les élus de l’opposition ont voté l’abstention, parce que, selon eux, « les deux dossiers, différents, n’auraient pas dû être réunis en un seul ».
La suppression de la ligne 17 n’est pas du goût de la majorité municipale de Mitry-Mory. Marianne Margaté (PCF) explique : « En desservant le parc des expositions et les deux aéroports, à l’horizon de 2030, la ligne 17 assurera l’intégration de la dynamique métropolitaine des territoires de la communauté d’agglomération Roissy pays de France, mais aussi des départements du Val-d’Oise et de Seine-et-Marne. Elle permettra l’accès à l’emploi aux populations et résorbera les inégalités territoriales en favorisant les déplacements vers la capitale et les pôles économiques ».
La première adjointe au maire a également rappelé que, pour des raisons financières, le gouvernement semble remettre en question le chantier de la ligne 17 : « En la supprimant, l’État condamnera le RER B à un niveau de saturation inadmissible car le CDG Express ne proposera aucune offre d’amélioration des transports au quotidien ». Elle s’avoue inquiète quant au « silence assourdissant d’ADP » (Aéroport de Paris) qui, selon elle, n’augure rien de bon pour la ligne 17 et pourrait même laisser croire que le projet est déjà enterré.
En décembre dernier, la municipalité avait déjà exprimé sa désapprobation sur le chantier CDG Express, qui comptera 32 km de voies, entre la gare de l’Est et le terminal 2 de l’aéroport Roissy CDG. Son coût est évalué à 2,12 milliards et il devrait transporter, dès son ouverture, en 2024, six millions de passagers par an, soit environ 17 000 par jour. Le prix du billet simple est estimé à 29 euros. « Un prix prohibitif et anti-démocratique » pour la majorité municipale, qui demande à l’État « de garantir la réalisation de la ligne 17, mettre fin au projet du CDG Express et réorienter les crédits sur les transports du quotidien ».
« Les deux projets ne sont pas incompatibles »
Laurent Prugneau, élu d’opposition (UDI), a regretté que les deux dossiers soient présentés dans un seul mémoire « car cela appelle des votes opposés, bien que les deux projets ne soient pas incompatibles puisqu’ils ne sont pas associés ». Il détaille : « Je rappelle qu’en 2010, la Ville s’était opposée farouchement à la création de la gare du Mesnil-Amelot et le projet du Grand Paris ».
Ses propos ont fait réagir le maire, Charlotte Blandiot-Faride : « La ligne 17 et le CDG Express, c’est exactement le même sujet. C’est soit le transport au quotidien de milliers d’usagers, d’habitants et de travailleurs de ce secteur ; soit le transport de quelques dizaines d’hommes d’affaires ».
« Il faut arrêter d’asséner des contre-vérités en disant que le CDG Express sera réservé à quelques privilégiés » s’est exclamé Philippe Laloue (LR). « Il y a des chiffres qui ne mentent pas : 900 000 usagers quotidiens du RER B, 17 000 sur la ligne CDG Express » rétorque le maire. « Le CDG est un projet privé et il va utiliser des voies publiques. Or, qui dit argent public dit voies publiques et ce sont les Mitryens qui les ont payées avec leurs impôts » a martelé Franck Sureau, adjoint aux finances.
Longue de 27 km, la ligne de métro 17 fait partie du projet du Grand Paris Express, avec les lignes 15, 16 et 18. Elle s’étendra sur 25 communes des départements 93, 95 et 77 pour relier neuf gares, de Saint-Denis Pleyel au Mesnil-Amelot, en 25 minutes.
Pressentie pour être le nouvel axe stratégique pour le Grand Paris, elle devrait accueillir 420 000 voyageurs par jour et desservir les grands bassins d’emplois du Nord de la métropole. Elle renforcerait ainsi le développement des pôles économiques franciliens, comme le secteur Pleyel, le parc des expositions de Villepinte, les aéroports de Roissy CDG et du Bourget. Elle devait aussi favoriser l’urbanisation du triangle de Gonesse.
Sa mise en service est prévue en deux temps : en 2024, entre Saint-Denis Pleyel et l’aéroport Roissy CDG, puis en 2030, entre l’aéroport Roissy CDG et Le Mesnil-Amelot.