Isles-lès-Villenoy ► [ Vidéo ] Les Roms ont levé le camp mais ont laissé des traces

Les habitants d’Isles-lès-Villenoy ont constaté, lundi 28 août, le départ des Roms qui s’étaient installés sur un terrain privé  aux portes de leur village depuis le mois de février. Les dégâts sont importants.

Louis Bautista, dont le pavillon est situé à quelques dizaines de mètres de l’ancien bidonville, explique : « Le camp a été déserté dans la nuit de dimanche 27 à lundi 28 août. Nous avons vu partir les derniers occupants ». Le site a été sécurisé par les pompiers, lundi matin, et les pelleteuses ont commencé à démolir les baraquements afin d’éviter une nouvelle occupation.

Pour les habitants, le départ est le dénouement « d’une histoire rocambolesque » et le commencement d’une longue période de nettoyage.

La préfecture a délivré un arrêté, vendredi 25 août, ordonnant une expulsion sous 48 heures. Le départ des occupants a surpris les riverains. « Les gendarmes auraient fait pression pour qu’ils s’en aillent » croit savoir un des habitants. Un ordre d’expulsion avait déjà été signé par le préfet le mois dernier et une évacuation aurait dû avoir lieu le 27 juillet. L’évacuation avait été ensuite reportée pour le 2 août. Louis raconte : « Tout avait été prévu : huissier, forces de l’ordre, associations. A la dernière minute, la préfecture a annulé l’opération en prétextant un manque d’effectif et un suivi social pas assez poussé ». 

« Ca sentait le brûlé »

Les habitants ont tous en mémoire les odeurs. Dominique, un riverain, respire de nouveau. Il raconte : « Il y avait de la fumée et ça sentait le plastique brûlé et les poubelles tout le temps. Certains jours, il était même impossible de rester dans son jardin sans se faire envahir par les mouches ». Un collectif avait été créé et une pétition avait recueilli la signature de 90 % des foyers de la commune.

300 personnes et  73 cabanons sur 2,5 hectares

Selon le collectif, le campement qui occupait un terrain privé de l’autre côté de la route départementale 5, s’est installé « sans bruit » en février. Il s’étendait sur une surface de 2,5 hectares. L’arrêté municipal du 26 juin 2017 a recensé 73 cabanons occupés par 300 personnes originaires principalement de Bulgarie et de Roumanie [ndlr : la commune compte 910 habitants ]. Le document de la mairie parle aussi de « cabanes réalisées à l’aide de matériaux précaires et inflammables » , « de bouteilles de gaz et de groupes électrogènes entreposés » et « d’accès malaisé pour les pompiers ».

« On les voyait déambuler à vélo ou en voiture. Certains roulaient même en berline allemande. Il y avait une véritable organisation pyramidale. Ils connaissaient parfaitement la loi et savaient faire annuler une expulsion par un système d’échange de gens avec un autre camp. Ainsi, comme les identités des personnes évacuées étaient différentes de celles des personnes recensées quelques semaines avant, l’expulsion ne pouvait pas avoir lieu » raconte un riverain sous couvert d’anonymat.

« Une décharge à ciel ouvert »

à quelques mètres des habitations

Guy, un autre habitant, décrit « une décharge à ciel ouvert » avec des tas d’ordures qui peuvent dépasser trois mètres, à quelques pas de son jardin. Après le départ des Roms, les habitants ont découvert des carcasses de voitures, des vélos et motos dépecés, de l’huile de vidange à même le sol, de la ferraille, des vêtements et des débris de mobilier. « C’est pire que ce qu’on pouvait imaginer » confie un habitant.

La remise en état à la charge du propriétaire

Contacté par Magjournal, le propriétaire d’une des parcelles occupées a estimé le préjudice à plusieurs milliers d’euros : « La remise en état du terrain sera entièrement à ma charge mais j’en ai pas les moyens » a t-il précisé. Il avait porté plainte pour l’occupation du terrain. De nombreux riverains ont proposé leur aide pour tout nettoyer.

La manifestation prévue, demain, samedi 2 septembre, devant la mairie a été annulée.