Face aux critiques, les éleveurs de porc veulent améliorer le bien-être animal

AFP Online News (Environnement)
12th Jul. 2017, 

Face aux dénonciations répétées des associations de défense des animaux, les éleveurs de porcs ont décidé de se mobiliser en mettant sur pied un plan destiné à améliorer les conditions de vie de leurs bêtes.

Face aux dénonciations répétées des associations de défense des animaux, les éleveurs de porcs ont décidé de se mobiliser en mettant sur pied un plan destiné à améliorer les conditions de vie de leurs bêtes.

L’idée: s’engager dans une démarche collective d’amélioration du bien-être animal et couper ainsi l’herbe sous le pied de leurs détracteurs, telle l’association L214 qui diffuse sur internet des images le plus souvent filmées en caméra cachée dans des élevages ou des abattoirs.

L’association de défense des animaux L214 a accusé récemment les emblématiques pâtés Hénaff de surfer sur une image « idéalisée » de leur marque en publiant des vidéos provenant selon eux de deux élevages intensifs qui fournissent l’entreprise, montrant les cochons aux queues mutilées, des cadavres de porcelets entassés ou un cochon agonisant.

L214 a lancé une pétition, demandant aux dirigeants de la marque de « stopper l’enfermement des cochons, l’élevage sur béton, les mutilations douloureuses aux porcelets et les cages individuelles pour les truies ».

« Aujourd’hui, on veut tout savoir, on veut tout montrer. Les gens ne veulent pas voir de petits porcelets morts, par exemple. Mais, malgré les efforts des éleveurs, dans les 48 à 72 heures après la mise bas, il y a 15 à 20% de pertes naturelles dans la portée! », s’exclame François Valy, vice-président de la Fédération nationale porcine (FNP), qui rappelle que dans le milieu naturel, chez les sangliers ces pertes atteignent 50 à 70%.

« La question du bien-être animal est un dossier qui monte en puissance », considère Philippe Bizien, président du comité régional porcin (CRP) de Bretagne, une région qui fournit près de 60% de la production nationale.

« Il y a une escalade de violence sur ce sujet », estimait aussi fin juin, lors de l’assemblée générale du CRP, Caroline Faillet, codirigeante d’un cabinet de communication

– Un protocole défini –

Face à cela, l’Inaporc (interprofession nationale porcine), organisait fin juin une table-ronde sur le thème du bien-être animal avec pour question: « Quelle stratégie de la filière porcine française face aux attentes sociétales ? »

« On a posé les bases d’un plan d’action et tout ça va se mettre en place à partir de la rentrée », confirme François Valy qui participait à cette table-ronde.

Des critères ont été retenus et un protocole arrêté. Dans la foulée, des responsables au sein des groupements de producteurs, organisations professionnelles ou abattoirs, vont être investis d' »un rôle de sentinelle » auprès de leurs structures afin d’apporter conseils et soutien aux éleveurs avec l’objectif de s’éloigner des pratiques contestées, explique François Valy, lui-même producteur de porcs.

Parmi les pratiques contestées figurent principalement la castration du porc, l’ablation de la queue (la « caudectomie »), le meulage des dents des porcelets où encore le fait que les truies soient immobilisées dans une cage avec leur portée à proximité. Sans oublier bien sûr les conditions d’abattage des animaux.

« La castration, la caudectomie, le meulage des dents, ça ne nous amuse pas, c’est du travail en plus! » rappelle François Valy, responsable porc à la FRSEA Bretagne.

Mais pour les producteurs conventionnels, ces pratiques sont motivées depuis des décennies par des impératifs économiques: la viande d’un porc non castré peut parfois dégager une odeur désagréable et nécessite d’être détectée dès l’abattoir, ce qui a un coût; joueurs, les porcelets se mordent fréquemment la queue, ce qui entraîne des infections qui peuvent rendre l’animal impropre à la consommation.

Quant à l’immobilisation des truies, elle est justifiée par le fait que l’animal en liberté risquerait d’écraser une partie de ses petits.

« On travaille pour trouver des solutions à tout ça et mettre au point de nouvelles méthodes », assure M. Valy, « sans oublier que, outre moins de travail, c’est aussi dans notre intérêt: un porc non castré grandit plus vite et consomme moins d’aliments! »