Le CKL (Canoë-kayak de Lagny), en bordure de la Marne à Lagny-sur-Marne, est fermé. Mercredi 7 juin, en conseil municipal, le maire, Jean-Paul Michel a annoncé qu’il avait fait fermer le club. Le président conteste la décision et dénonce une ingérence dans son association.
La municipalité aurait constaté des défaillances dans la direction du CKL. Celui-ci ne serait pas en mesure de fournir ses procès-verbaux d’assemblée générale, pas plus que ses attestations d’assurance. « Nous avons rencontré les responsables à plusieurs reprises pour recueillir ces informations, en vain » a expliqué le maire, mercredi. Il a précisé que le manquement crée « un vrai problème » car, dans le cadre de ses activités périscolaires, la Ville lui confie les enfants, en ne sachant pas si les moniteurs sont titulaires d’un diplôme. Toujours selon Jean-Paul Michel, « l’association n’ose même plus solliciter de subvention municipale ».
La mairie a été alertée en 2016 par des adhérents, mais aussi par la Fédération française de canoë-kayak (FFCK). Celle-ci aurait indiqué que le club ne « fonctionnait pas normalement, ne répondait pas à ses injonctions et qu’il aurait une gestion obscure ».
« Depuis plusieurs année, l’association de canoë-kayak est en défaut d’informations et de relations avec sa fédération, mais aussi de gestion des sujets de sécurité » a encore avancé le maire.
Le club disposant d’un terrain et de matériels appartenant à la commune, le maire a pris la décision de le fermer. « Les portes sont soudées. Parallèlement, avec la fédération, nous construirons une autre structure car il est hors de question de cesser la discipline, prisée de nos concitoyens. Elle repartira sur de nouvelles bases » explique Jean-Paul Michel.
Le maire a reçu lundi, les adhérents du CKL. « Ils ne sont pas responsables. Je mets directement en cause la direction de l’association » a-t-il conclu, estimant « qu’il était temps d’arrêter les frais ».
Alain Gadan (Objectif Lagny) a proposé, sous l’égide de la commission municipale des sports, une réunion avec les dirigeants du club, le comité régional et la FFCK. « On a des versions totalement opposées. La FFCK couvre normalement tous les adhérents et tous les clubs. Je pense aux enfants de Lagny qui pratiquent, mais je crois que personne ne peut remettre en cause les compétences de Serge Viseur [Ndlr : président du CKL]. Il a mené beaucoup d’athlètes jusqu’aux jeux olympiques. Il y a peut-être un laisser-aller administratif, mais, en termes de responsabilités, il est possible qu’il soit couvert » a objecté l’élu d’opposition.
Le maire a réaffirmé sa volonté de ne plus travailler avec le CKL : « Le débat est terminé. Il ne s’agit pas de point administratif, mais de sécurité et d’utilisation d’argent public. Ce n’est pas une ville qui s’oppose à un club, mais une ville qui demande le respect des règles de base, comme d’ailleurs à tous les clubs. Le lien de confiance est rompu et il faut en recréer un avec une autre direction ».
Le président du CKL a réagi vivement. Contacté par Magjournal, il soutient : « C’est une cabale orchestrée contre le club depuis 2014, c’est-à-dire depuis l’arrivée de Jean-Paul Michel à la mairie. Il n’a jamais cherché à me rencontrer, sauf le 28 novembre dernier, et encore c’était sur ma demande ».
Il ajoute : « Il y a peut-être du retard dans la transmission des documents administratifs, mais sur la sécurité, il n’y a aucune ambiguïté. D’autant plus avec les enfants pour lesquels nous sommes très rigoureux. Ce n’est pas la FFCK qui est contre nous, mais notre comité régional et plus précisément l’un de ses membres. En créant le club et en le faisant fonctionner, on a montré ce qu’on savait faire et on l’a bien fait si on en juge par nos résultats plutôt éloquents. On a mis progressivement les choses en place avec une équipe de bénévoles compétents, et ça tourne bien. Il y a chez nous un esprit de famille que d’autres veulent salir à coups de calomnies ».
Pour le dirigeant, il s’agit d’ingérence dans une association et il accuse Jean-Paul Michel de « propos mensongers, diffamatoires et manipulateurs ».
Âgé de 57 ans, Serge Viseur pratique le kayak depuis l’âge de 7 ans et a créé le CKL en 1990. Son club compte une soixantaine d’adhérents et sa fermeture lui porte un « sérieux préjudice » car, en cette saison, il préparait les finales de championnats de France. « Il faut s’interroger sur les vrais mobiles de cette cabale et à qui profite le crime ? » poursuit le responsable qui a décidé de porter l’affaire devant le tribunal administratif.