Torcy ► Fermeture de la mosquée : l’imam est prof au lycée Jean-Moulin

L’imam de la mosquée Rahma, démantelée à Torcy, enseigne les mathématiques dans la même ville, au lycée Jean-Moulin. Le professeur ne fera pas la rentrée ce matin. Il a été suspendu par l’Education nationale pour quatre mois.

La sanction est tombée mercredi 12 avril pour l’imam : Abdelali Bouhnik, professeur de mathématiques, soupçonné de « prosélytisme » par le  ministère de l’Intérieur, a été mis « à pied à titre conservatoire ».  L’enseignant aurait cherché à « avoir une influence » sur des élèves de confession musulmane « en tentant de s’imposer comme interlocuteur exclusif et de s’immiscer dans leur vie privée ». L’intéressé dément les accusations et se défend : « Ma matière n’a rien à voir avec la religion, et puis je n’ai pas le temps pour discuter d’autres choses que des maths ».

L’enseignant, titularisé en septembre 2005, aurait également fait l’objet d’un « signalement » en 2015 de la part du proviseur après la minute de silence dédiée aux victimes des attentats du 13 novembre. Il aurait, selon la préfecture, « refusé d’organiser un temps d’échanges en dépit de la demande de ses élèves de seconde ». La note du chef d’établissement n’avait cependant donné lieu à aucune sanction. D’autres comportements ont été remontés au rectorat.

Des prêches « hostiles aux lois républicaines »

La veille, mardi 11 avril, la mosquée, située avenue Lingenfeld, dans laquelle le religieux prêchait, qualifiée de proche de la « mouvance salafiste », a été fermée par un arrêté du ministre de l’Intérieur, Matthias Fekl. « C’est un lieu où étaient prônées une idéologie radicale et une incitation au djihad. Certains prêches ouvertement hostiles aux lois républicaines incitaient à la haine envers les autres communautés » précise t-on à la Place Beauvau. Abdelali Bouhnik indique pourtant « scolariser ses enfants à l’école publique ».

Abdel, qui fréquente régulièrement la mosquée, nie toute radicalisation. « Nous disons à nos enfants qu’il faut respecter les parents et nous allons voir les jeunes pour ne pas qu’ils traînent dans les halls d’immeubles » précise le père de famille, habillé en jean et chemise.

Vendredi 14 avril, devant les fidèles venus prier sur le parking du lieu de culte fermé, l’imam a tenu un « discours d’apaisement » et leur a indiqué que l’affaire était en cours au tribunal.