La réunion publique d’information et de présentation du centre culturel et cultuel musulman proposée, dimanche 26 mars au gymnase Jesse-Owens à Dammartin-en-Goële, par l’association des musulmans de Dammartin aura-t-elle rassuré les habitants ?
L’accueil avait été pensé pour apaiser les tensions : buffet de pâtisseries orientales, thé à la menthe, plans du projet détaillés et affichés ainsi que le drapeau tricolore sur le grand écran de l’estrade. Les organisateurs ont avant tout cherché à dissiper les inquiétudes en expliquant « dans la plus grande transparence » que leur projet s’intègre dans la ville, tant sur le plan architectural que sur le point de vue culturel. « Nous sommes et resterons des enfants de la République. N’est-ce pas plus intelligent de réfléchir ensemble à un édifice ayant pignon sur rue qu’à un édifice caché ? Nous rejetons l’islam des caves et celui des pavillons » a assuré Brahim Elabdi, porte parole de l’association culturelle et cultuelle de Dammartin-en-Goële (ACCDG) devant une salle remplie de près de 200 personnes.
Dimanche, les responsables de l’association dammartinoise ont dû faire face à des opposants au projet venus nombreux. Un tract distribué vendredi et samedi a appelé la population à venir pour « dire non afin que le projet ne se réalise pas ». Si en public les échanges n’étaient pas véhéments, en aparté les langues se sont déliées. « Nous n’en voulons pas. Il n’y a déjà pas assez de terrains pour construire, il n’y a pas assez de place dans les écoles » proteste avec vigueur une habitante qui craint une baisse des prix des maisons du quartier de la Folle-Emprince et la « dégradation du cadre de vie ». « Des voisins à peine installés envisagent déjà de vendre » prévient une riveraine. Pour un autre habitant, la réunion est un « leurre » : « Il s’agit en fait d’une collecte de fonds ». Il montre les tables installées à l’entrée pour recueillir les noms et les adresses des participants.
Abdel regrette les réactions « irraisonnées » et les « amalgames ». « Le projet fait la part belle à la culture et l’architecte a pris soin de concevoir un bâtiment qui s’intègre au paysage urbain, ouvert et que chacun pourra faire sien. De plus, le financement est entièrement fait de dons des fidèles » explique le jeune Dammartinois. Debout près de lui, Yanis, plus jeune, milite quant à lui pour l’implantation d’une salle de prière : « J’ai quand même le droit de pratiquer ma religion sans avoir à faire des kilomètres et aller jusqu’à Aulnay-sous-Bois » revendique t-il.
Le terrain d’une surface de 2 000 et 2 500 m², situé sur l’avenue de l’Europe, n’est pas encore acquis. L’association a fait une offre d’achat à la mairie le 10 janvier mais n’a pas obtenu de réponse. « Deux espaces seront dédiés à la prière et le reste sera consacré au cours de soutien scolaire, aux expositions et sera ouvert sur un jardin intérieur. Sur 900 m² d’emprise au sol, deux tiers seront consacrés aux activités culturelles et seulement un tiers au culte. » a détaillé l’architecte, Sébastien Maniglier. Le concepteur a également indiqué qu’il y aura de la place pour la nouvelle construction et la maison de la santé envisagée par la mairie.
« Le but de la rencontre avec la population est d’écouter ses remarques afin, si besoin, de modifier les plans » insiste encore Brahim Elabdi.
De son côté, le maire, Michel Dutruge, qui n’a pas souhaité assister à la réunion, a déclaré dans un communiqué avoir appris avec « stupeur » la présentation du projet de lieu de culte faite sans concertation avec le conseil municipal.