Les jardins maraîchers bio à Meaux devraient voir le jour dans le quartier Saint-Faron, derrière l’hôpital. Le projet suscite des interrogations, soulevées plus particulièrement par le collectif Initiatives citoyennes Pays de Meaux.
Les jardins maraîchers bio seront mis en place afin de répondre à la réinsertion professionnelle. C’est en effet l’association Horizon qui louera les terrains achetés par la mairie de Meaux sur la zone le long du chemin de la Justice (derrière le nouveau cimetière) et le haut du Chemin blanc, formant un espace triangulaire de 4 hectares. Le dispositif permettra aux personnes en voie de réinsertion de reprendre pied avec le travail. Le projet devrait créer quinze emplois .
L’idée est d’autant meilleure qu’elle redonnerait un coup de fraîcheur au quartier qui se délabre avec ses petits cabanons de bric et de broc et surtout les déchets, en tas ou disséminés, qui jonchent différentes parcelles. La municipalité souhaite créer un poumon vert du même style que le Pâtis, avec une roselière en périphérie du terrain.
Pourtant, le collectif Initiatives citoyennes Pays de Meaux, mené par Victor Niubo, opposant Modem à Jean-François Copé aux dernières élections municipales, trouve à y redire, non pas qu’il s’oppose au projet en lui-même mais souhaiterait plutôt que l’endroit soit « dépollué » avant d’être exploité par Horizon. Mais encore plus particulièrement se préoccupe-t-il des « personnes en situation de précarité qui sont installées le plus souvent illégalement sur cette zone depuis plusieurs années ». En effet, avec les cabanons érigés avec des morceaux de bois ou de tôles, parfois squattés, les jardins sont cultivés de manière légale par les propriétaires eux-mêmes ou bien des locataires…
En début d’année, Victor Niubo a envoyé une lettre au maire pour l’informer de ses inquiétudes : précarité des occupants actuels et pollution du site. « Le site en question, la prairie des Cordeliers (chemin de la Justice) ne présente pas un sol assaini en raison de la construction d’habitats précaires, d’activités diverses ou de culture de jardins anciens traités aux pesticides ».
Mardi 28 février, lors d’une rencontre avec Magjournal, Olivier Morin, adjoint au maire, a indiqué : « Victor Niubo prend le problème par le petit bout de la lorgnette. S’il approuve le projet, il aurait mieux fait de s’associer avec nous au lieu de poser des questions de détail qui peuvent fâcher. Pour ce qui concerne l’éventuelle pollution des terrains, la zone concernée n’a pas subi de pollution puisqu’à l’origine, les terrains ont toujours été utilisés comme jardins potagers. Il n’y a jamais eu d’exploitation industrielle… C’est une occasion pour regagner des terrains totalement disparates. Nous proposons aux actuels occupants jardiniers d’autres parcelles en dehors du triangle, mais dans le même quartier ». Ce sera un déplacement de quelques mètres ou dizaines de mètres ».
Le Mous (Maîtrise d’œuvre urbaine et sociale), l’Amap (Association pour le maintien de l’agriculture de proximité) du Pays de Meaux, l’Arile (Association régionale pour l’insertion et l’emploi) et Horizon s’allient pour mener les choses.
Tous les occupants des parcelles devaient libérer les parcelles occupées légalement ou illégalement, et surtout celles dont la mairie est propriétaire, mercredi 1er mars.
« Les premiers paniers seront livrés aux adhérents en avril 2018, si tout va bien » a déclaré Pauline Planck, de l’association Horizon.
Entre la mairie et Horizon, c’est un bail précaire de neuf ans qui a été signé. Olivier Morin souligne : « A tout moment, la ville peut reprendre les terrains. L’insertion professionnelle est évidemment la priorité mais on ne peut pas occulter l’avenir comme, par exemple, l’éventuelle nécessité d’une liaison routière avec l’hôpital afin de le désenclaver avec une sortie au nord de Meaux ».
Eh oui, les restes du pont en suspend [NDLR : c’est le cas de le dire…] depuis des dizaines d’années pourraient finalement, et sous toutes réserves, être réhabilités. Si la question n’est pas débattue officiellement, Olivier Morin ne cache pas l’éventualité de futur travaux sur la zone. « Peut-être va-t-on construire une route si on utilise le pont » précise l’élu.
En attendant, le triangle présente toujours à l’intérieur une forme de mosaïque. Neuf parcelles ont été achetées par la mairie qui souhaite acquérir toute la pointe.