Claye-Souilly ► Les anciens bistrots du canton en expo, samedi et dimanche

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Les cafés de l’ancien canton de Claye vont s’exposer, samedi 25 et dimanche 26 février. L’événement a été organisé par la SHCE avec le concours de la Ville, et aura lieu salle Planète-Oxygène de Claye-Souilly.

« Les cafés étaient un lieu important de rencontre dans nos communes, de brassage de population. Beaucoup faisaient aussi épicerie, charcuterie, boulangerie, marchand de charbon. On venait s’y inscrire pour la visite du médecin, y danser, voir des films » explique Daniel Clément, président de la SHCE (Société d’histoire de Claye et de ses environs).

Une centaine de personnes a assisté, jeudi 23 février, au vernissage de l’exposition.

Des lieux de vie intense

« Vecteur indéniable de lien social, les cafés sont essentiels pour notre pays en ce qu’ils ont donné naissance à l’espace public. Ne débattons-nous pas et ne traitons-nous pas des sujets d’actualité dans les cafés ? C’est bien dans ces lieux où se construit la pensée, que les fondements même de la démocratie apparaissent, rendant aux cafés toutes leurs lettres de noblesse » s’est enthousiasmé le maire et député, Yves Albarello. Né en 1952, celui-ci a redécouvert avec joie le café de son enfance, à Souilly, « dans lequel [il] garde encore de chaleureux souvenirs ». Trois bistrots existaient alors dans le village de Souilly (qui sera rattaché en 1839 à Claye) : la maison Pinardel, chez Margot, chez Raymonde.

Un travail de mémoire

Le petit village d’Annet-sur-Marne comptait vingt cafés à lui seul. Il y en avait quinze répartis sur Mitry-Mory et une trentaine à Claye-Souilly. « Début 2016, les médias se sont émus de la disparition des cafés en France. Cela nous a confortés dans notre démarche mémorielle » indique Daniel Clément. Le travail a démarré en 2014, piloté par Danièle Prieur, Françoise Leroy et Monique Mazoyer. Après la consultation des archives départementales de Seine-et-Marne et des almanachs commerciaux, publiés de 1879 jusqu’en 1939, sont venus le repérage des estaminets puis la collecte des cartes postales (apparues fin du XIXe siècle), des photos et des témoignages.

Vingt-trois communes,

deux cents ans d’histoire

L’exposition est à la disposition des maires qui la souhaitent. Les communes concernées sont Annet-sur-Marne, Carnetin, Charmentray, Charny, Claye-Souilly, Compans, Courtry, Fresnes-sur-Marne, Gressy-en-France, Isles-Les-Villenoy, Iverny, Le Pin, Le Plessis-aux-Bois, Messy, Mitry-Mory, Nantouillet, Précy-sur-Marne, Saint-Mesmes, Trilbardou, Villeparisis, Vignely, Villeparisis et Villevaudé.

La SHCE a édité un livre de 358 pages avec de nombreux documents d’époque, dont des photos et d’anciennes cartes postales. L’ouvrage est en vente au prix de 30 euros.

Du samedi 25 au dimanche 26 février, de 10 à 18 heures. Salle Planète-Oxygène, allée André-Benoist. Entrée gratuite.

 

Montjay-la-Tour : un café bien dans son jus

villevaudé café Julia CPA

Après une longue fermeture, le café de la place des Marronniers, à Montjay-la-Tour  (haut de Villevaudé), a retrouvé une seconde vie grâce à Julia Frizziero qui a entrepris de le restaurer… à des fins privées.

On ne connaît pas exactement l’origine du café, mais des cartes postales du début du XXe siècle attestaient déjà de son existence et de son rôle économique et social au cœur du village. Situé près d’une écurie et d’une épicerie (formant aujourd’hui la même maison), il est progressivement devenu restaurant et hôtel. « Au début du XXe siècle, c’était un café-buvette avec salle de danse. Dans les années trente, il est devenu hôtel-restaurant-tabac appelé « Hôtel de la Place », puis un café-tabac-épicerie dénommé « Les Marronniers » et ensuite « Chez Colette ». Il fermera au milieu des années quatre-vingt-dix et les vétérans –  qui jouaient au foot – étaient malheureux de ne plus pouvoir s’y retrouver après le match » relate Monique Mazoyer, Villevaudéenne et membre de la SHCE.

 

villevaudé julia caféFin décembre 2009, Julia Frizziero et Patrice Vrillaud en sont devenus propriétaires. Ils ont emménagé avec leurs deux jeunes enfants dans les étages supérieurs. Son précédent propriétaire n’était autre que Bernard Asset, le célèbre photographe de voitures F1 qui utilisait la grande salle du café (50 m²) pour travailler ses clichés.

Patrimoine local

« Dès que j’ai vu le café avec sa salle encore dans son jus, c’est-à-dire aménagée dans le style des années cinquante, j’ai eu le coup de cœur. J’ai décidé de le restaurer à des fins privées pour garder le plus possible les souvenirs qu’ils pouvaient encore contenir. Je me suis fixé comme objectif de respecter son authenticité parce que c’était un lieu de rencontres, de souvenirs, et qu’il fait partie du patrimoine local » confie Julia.

Un jour, une dame pousse la porte pour lui avouer qu’elle a été serveuse ici. Julia ne refuse jamais les visites dès lors qu’elles lui permettent de reconstituer l’histoire du lieu sous forme d’anecdotes, de documents ou de photos plus ou moins anciennes. Elle écume les brocantes et vide-greniers, à la recherche d’objets anciens : bouteilles, chopes, cafetières, mobilier publicitaire… Il y a même, selon la tradition des cafetiers qui veut que cela porte bonheur, une collection de billets de banque de tous les pays épinglés, au-dessus du comptoir.

« Un demi s’il vous plaît ! »

Villevaudé julia café 3A force de patience, la réhabilitation a porté ses fruits et le café a retrouvé sa superbe d’antan : petites tables en formica, comptoir en bois mouluré, tabourets hauts. Les étagères sont remplies de vaisselles anciennes, d’appareils en bakélite, de microsillons, les présentoirs de revues et magazines d’époque. « Je n’étais pas spécialement fervent des brocantes, mais Julia a su me communiquer sa passion. Un jour, je suis même revenu avec un groom pour la porte du bar » reconnaît Patrice. « Des passants frappent souvent à la porte tellement la méprise est grande. Une fois, nous étions en train de retirer les vantaux de la devanture lorsqu’un automobiliste s’est arrêté pour commander une bière ! ». Julia en rit encore.