Pour faire face à l’afflux de populations et se mettre en conformité avec la loi, la communauté d’agglomération a décidé de prendre le taureau par les cornes en lançant l’aménagement de plusieurs aires d’accueil des gens du voyage.
L’attrait des gens du voyage pour les communes de Marne et Gondoire ne date pas d’hier. Avec les nombreuses zones industrielles qui le parsèment, le territoire présente de nombreux avantages pour les populations nomades, qui y trouvent des terrains vastes et à l’écart pour installer leurs caravanes, au grand dam des entreprises qui se retrouvent envahies du jour au lendemain. Mais si Marne et Gondoire fait figure de terre d’élection pour les gens du voyage, c’est aussi pour une autre raison : le fait qu’elle se situe sous le seuil de places à allouer.
La conséquence est plus grave qu’on ne pourrait croire. Une manœuvre d’expulsion s’accompagne dès lors d’une procédure judiciaire. Ce ne sont plus 48 heures qu’il faut pour déloger ces personnes, mais trois à quatre mois. « Cet élément est parfaitement connu des gens du voyage, qui s’engouffrent dans la brèche. Aujourd’hui, ce que craignent par-dessus tout les élus du territoire, c’est rien moins que l’envahissement », note Pierre Tebaldini, directeur de cabinet à la communauté d’agglomération. Aussi, pour éviter d’en arriver à de telles extrémités, Marne et Gondoire a décidé qu’il était temps de se conformer aux exigences de l’Etat en la matière.
Et les exigences sont grandes puisque ce sont pas moins de 110 places qui doivent être aménagées le plus rapidement possible, accompagnées par la création d’une aire de grand passage. « C’est l’ironie de la situation : comme nous accueillons beaucoup de gens du voyage, l’Etat nous définit comme prioritaire et nous impose un nombre de places plus important », détaille le collaborateur du président Jean-Paul Michel (UDI).
Une première étape a été franchie en octobre, avec l’inauguration d’une aire d’accueil d’une vingtaine de places à Saint-Thibault-des-Vignes, en prolongement de la zone industrielle de la Courtillière, après celle créée à Thorigny il y a quelques temps. Aménagée sur un terrain stabilisé, reliée à l’eau et à l’électricité, l’aire située au bord de l’A104 ne comporte cependant que 20 places. Ce sont donc 90 places supplémentaires qu’il va falloir créer à brève échéance, sachant que les communes de Lagny-sur-Marne, Bussy-Saint-Georges et Montévrain ont obligation d’ouvrir des aires d’accueil.
Trois à quatre sites sont aujourd’hui à l’étude. Le projet le plus avancé est celui d’une aire de 20 places à Lagny. Le site serait implanté le long de la rue Clémenceau, sur des terrains appartenant à la Direction départementale des territoires (DDT). « Nos maires sont plus ou moins favorables à l’idée d’aménager des aires d’accueil. Nous les incitons à en créer sur les zones déjà occupées illégalement afin de limiter les nuisances », précise Pierre Tebaldini.
L’autre obligation imposée à Marne et Gondoire, c’est, on l’a dit, la création d’une aire de grand passage. Deux à trois fois par an, les gens du voyage transitent en effet par Marne et Gondoire pour se déplacer dans les différentes régions du pays. Les durées d’occupation sont courtes en général et n’excèdent pas trois semaines. Pierre Tebaldini prévient : « L’Etat nous demande de créer 50 à 200 places avant le 1er janvier 2018 ».