Collégien ► Ils veulent garder le nom de la rue de Melun

Un collectif d’habitants de Collégien s’oppose au changement du nom de la rue de Melun décidé par la municipalité. A partir du 1er octobre, la voie principale portera le nom de l’ancien maire, Michel Chartier.

Les habitants de la rue de Melun ne veulent pas de l’avenue Michel-Chartier. La décision de rebaptiser la voie pour lui attribuer le nom de l’ancien édile, décédé il y a bientôt un an, a été prise par le conseil municipal le 19 mai. Dans une lettre adressée le 14 septembre au sous-préfet de Torcy, Gérard Branly, le collectif de sauvegarde de la rue de Melun affirme son attachement à « une voie historique » et dénonce une décision prise « sans concertation » ainsi que le surprenant passage de « rue en avenue alors que deux bus peinent à se croiser ». La voie communale est la seule à traverser tout le village.

Dans un tract, distribué en 180 exemplaires à tous les riverains, il est reproché à la municipalité l’annonce tardive de la décision à la population :  « Plus de deux mois après la délibération du conseil municipal sans que rien n’en ait filtré, à la veille des vacances ». Une manière, selon un membre du collectif, d’empêcher la saisine du juge administratif en raison du dépassement du délai de recours. Deux pétitions, l’une papier et l’autre sur le site change.org, ont réuni plus de 200 signataires.

Une liste de démarches administratives

Karine, qui a toujours vécu à Collégien, est encore « éberluée » : « On aurait pu donner son nom à une autre rue ou à un bâtiment public. Personne n’aurait été embêté ». Elle dresse la liste des démarches administratives, de leur coût et des désagréments pour les riverains : « Changement des papiers d’identité et de la carte grise avec l’obligation de changer l’ancienne plaque d’immatriculation sans compter les déclarations à faire auprès de la CAF et de la sécurité sociale. »

Pour les professionnels installés sur la rue de Melun, le changement de nom causera aussi des tracas, une perte de temps, d’énergie et d’argent. « Je dois refaire mes tampons, mes en-têtes, changer le panneau signalétique de ma société et prévenir tous mes clients, mes fournisseurs et les administrations » réagit un chef d’entreprise.

La municipalité a édité un guide des démarches et aurait même proposé de participer aux frais avant de se rétracter.

Dialogue de sourds

Depuis près deux mois, un dialogue de sourds semble s’installer entre le maire et les membres du collectif de sauvegarde de la rue de Melun. La délégation qui a rencontré le maire, Marc Pinoteau, le 10 septembre n’a pu que constater la situation inextricable. « Nous avons compris que la mairie ne comptait pas changer d’avis » a constaté l’un de ses membres. Une plaque « anciennement rue de Melun » sera posée mais pour quelques mois seulement. « Pourquoi tant de précipitation ? «  s’interroge encore Karine.

De son côté, la municipalité précise qu’il s’agit d’un acte de mémoire qui permet d’inscrire l’action et l’empreinte fondatrices qu’a eu Michel Chartier pour la commune. Elle condamne par ailleurs les pressions, les menaces et les manœuvres d’une poignée d’opposants politiques sur les habitants. Violette, une autre habitante de la rue de Melun, conteste le dernier argument : « J’ai apprécié le travail de l’ancien maire et je trouve normal qu’on lui rendre hommage, néanmoins je reste très attachée au nom de cette rue. Cela fait partie de l’histoire de notre ville. »

Un Collégeois poursuit, mais avec plus de virulence : « Pourquoi ne pas donner son nom au prochain auditorium ? », pointant, selon lui, la « mégalomanie » de l’ancien élu et de son successeur ainsi que l’urbanisation à outrance d’un village dont la population a été quasiment multipliée par huit en moins de quarante ans et dans lequel il ne se retrouve plus.

Sun-Lay Tan

Rédacteur en chef

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