Rien ne va plus entre Sylvie Fassier (DVD), maire du Pin, et Gérald Beauger, son premier adjoint à l’urbanisme et aux finances.
Depuis le début du mois, tous deux règlent leurs comptes sur les réseaux sociaux, mais aussi à coups de tracts distribués dans les boîtes aux lettres des habitants. Samedi 3 septembre, lors du forum des associations, Gérald Beauger a confié à magjournal : « Ça va mal… »
Ce soir, mardi 13 septembre, Sylvie Fassier a indiqué : « Je ne voulais pas polémiquer sur le sujet mais l’attitude du premier adjoint m’y oblige. Je tiens à mettre en avant le fait que je n’ai pas pris un euro dans les caisses de la commune ».
Gérald Beauger a également répondu ce soir quand nous l’avons contacté par téléphone : « Je ne peux pas travailler encore quatre ans avec Sylvie Fassier. Sa gestion de la commune n’est plus en adéquation avec mes convictions. Je ne la supporte plus ».
« Aujourd’hui, différents points de divergence avec le maire ne me permettent plus d’assurer ma mission » a lâché Gérald Beauger dans un tract distribué fin août qui a mis le feu aux poudres. Il y affirme vouloir « se désolidariser du maire avec qui le dialogue devient impossible puisque les décisions sont prises de façon autocrate et sans concertation ».
Lors de la cérémonie des vœux de janvier, l’adjoint n’était pas aux côtés du maire, ce qui n’avait pas manqué, déjà, de surprendre l’assistance. L’abcès a éclaté dans la soirée du 29 août. Avant l’ouverture du conseil, Gérald Beauger informait les élus de « son souhait de se mettre en dissidence pour ne pas impliquer l’équipe dans ses décisions futures ». L’ancien président du comité des fêtes s’était pourtant beaucoup investi dans les campagnes électorales (2014 et 2015) de celle qu’il soutenait alors contre Jean-Paul Pasco-Labarre (DVG), l’ancien maire du Pin.
L’élu reproche à Sylvie Fassier d’avoir fait réparer sa voiture avec les deniers communaux sans en informer le conseil. Il dénonce l’inutilité des conseils participatifs « où les décisions sont prises avant », les travaux de la piste synthétique du stade lancés « sans information sur le choix de l’entreprise et le coût de l’opération ». Il déplore un manque de réflexion sur la conception fonctionnelle de l’école qui a subi une réfection de sa toiture, le coût du centre de loisirs « qui devait être financé par la société Kauffman » dans le cadre de l’opération immobilière rue du Château, l’achat de matériel destiné à l’entretien du stade en herbe et « qui reste sous bâche ».
Le 8 septembre, Sylvie Fassier répliquait dans un tract diffusé dans les boîtes aux lettres de ses administrés : « L’attitude et l’investissement de cet adjoint, en raison de difficultés qui lui sont propres, ont beaucoup changé au cours des derniers mois, ce que je regrette. L’équipe municipale reprend dès à présent les dossiers dont il avait la charge, en y apportant les adaptations et corrections nécessaires ». Et de reprendre point par point les propos « mensongers » de son premier adjoint qu’elle estime de mauvaise foi et en tout état de cause, incompétent. « Les montants des travaux sont publics. Il a été signataire de 6 des 8 courriers d’attribution d’un marché… dont il affirme ne rien connaître ». Et, poursuivant à propos du centre de loisirs, « la société Kauffman & Broad ne peut allouer gratuitement un local car ce serait illégal. Les Domaines, service du ministère des finances, n’auraient pas permis une telle opération. C’est pourquoi, nous avons dû faire l’acquisition du local, au prix âprement négocié de 400 euros le m². 74 000 euros pour un local de 184 m² à aménager. Cela semble-t-il excessif ? ».
De leur côté, les trois élus d’opposition ne sont pas restés inactifs. Dimanche 11 septembre, ils ont choisi, eux aussi, la boîte aux lettres des Pinois pour s’exprimer : « En tant qu’élus minoritaires, notre rôle est de nous assurer de la bonne gestion de notre commune, dont celle des deniers publics. Face à l’obstination du maire qui refuse de nous communiquer les informations nécessaires et indispensables au suivi des dossiers qui nous paraissent suspects, nous avons sollicité l’intervention du préfet et de la Chambre régionale des comptes ». Ils ajoutent, contents d’avoir été entendus : « Notre requête a porté ses fruits, et c’est suite à notre dénonciation que Gérald Beauger a pris conscience des risques encourus ».
La réaction du maire n’a pas tardé. Le conseil municipal extraordinaire du lundi 12 septembre a été annulé in-extremis suite à « la diffusion d’un nouveau tract diffamatoire émanant de l’opposition ». Un seul point figurait en tout cas à l’ordre du jour de ce conseil : le maintien d’un adjoint au maire dans ses fonctions. En attendant sa destitution, le maire a pris le 5 septembre un arrêté pour lui retirer la délégation de signature et de fonctions qui lui était consentie. « Je souhaite rester au conseil municipal en tant qu’élu et assumer les fonctions que les Pinois m’ont déléguées par leurs votes » déclare Gérald Beauger dans son tract initial. La question de son maintien sera donc examinée lors du prochain conseil, soit vraisemblablement en novembre. D’ici là, celui qui se considère comme « dissident » prévoit d’organiser une réunion publique pour informer les villageois.