La moisson est mauvaise… A cause d’une météo pourrie depuis un an, les agriculteurs céréaliers font grise mine. A Saint-Mesmes, la récolte s’annonce maigre avec 40 quintaux à l’hectare au lieu de 90 l’an dernier.
Dans les campagnes, les moissonneuses s’activent. Le nuage de poussière typique s’élève. A vue d’œil, le blé est mûr, bien doré mais en y regardant de plus près, les cultivateurs constatent les dégâts et la récolte ne sera pas bonne…
Les céréaliers auront du mal à tirer leur épingle du jeu avec un rendement aussi faible. « Nous avons de la chance que la chaleur soit arrivée, les sols sèchent, c’est heureux pour la récolte. Le problème que l’on rencontre actuellement avec les céréales, a été engendré par les pluies incessantes de l’hiver. Nous n’avons pratiquement pas eu de gel… que de la pluie. Les cultures ont énormément souffert. Les grains de blé sont tombés des épis. En a découlé une rentabilité aléatoire » explique Nicolas Charpentier, agriculteur à Saint-Mesmes.
La région a été touchée par les inondations du printemps mais plus particulièrement par le manque d’ensoleillement. Personne n’attendait la super récolte du siècle mais tout le monde espérait un peu secrètement que les plantes reprendrait le dessus. Un petit miracle en quelque sorte…
Avec un taux supérieur à 14 % d’humidité, il est impossible de récolter certains champs. Le blé sera vendu à bas prix, non pas pour la boulangerie, mais plutôt vers des aliments dérivés, comme les croquettes pour chien.
Une lourde perte s’annonce pour les céréaliers. D’habitude, les rendements tournent autour de 80 à 90 quintaux par hectare. Cette année, ils seront à peine de 40.
Malgré son désarroi, Nicolas va peut-être sauver les meubles avec sa culture de pommes de terre : « Nous avons diversifié nos productions, heureusement, cela va nous maintenir à flot en attendant des jours meilleurs ».
A la tête de 270 hectares qu’il partage avec son frère, exploitation qu’ils ont repris de leurs parents et arrière grands parents, il confie : « L’avenir de l’agriculture est difficile à prévoir. L’investissement en matériel est considérable, les semences et les traitements sont de plus en plus chers. Heureusement qu’il y a les indemnités de Bruxelles que nous touchons en prorata des surfaces. Sans elles, bon nombre d’agriculteurs auraient mis la clé sous la porte. L’année s’annonce compliquée. Nous verrons bien ».
La mauvaise moisson n’aura pas de répercussion sur le porte-monnaie des consommateurs. Seuls les céréaliers vont en pâtir. Quant aux meunier, ils vont devoir faire preuve d’imagination pour dénicher des farines de qualité.
- 3 millions de tonnes de céréales produites par an en Île-de-France, dont 2 millions de tonnes de blé tendre, 0, 5 million de tonne de maïs, 0,6 million de tonne d’orge et blé dur
- Les terres céréalières de la région Île-de-France couvrent la moitié du territoire, soit 1,2 million d’hectares
- Une moissonneuse-batteuse coûte entre 130 000 et 460 000 euros
- Pour fabriquer 25 000 baguettes de pain, il faut 5 tonnes de farine, produites par un hectare de blé
- Le revenu moyen d’un exploitant agricole français est de 1 208 euros bruts par mois.