La réunion publique sur l’arrivée des migrants a rassemblé quelque 260 habitants, mardi 7 juin, dans les salons d’honneur de l’hôtel de ville. Ambiance houleuse, salle divisée en deux : d’un côté il y avait ceux qui n’en veulent pas et de l’autre, ceux qui veulent les aider.
« Lundi 6 juin, vers 9 heures, environ 230 réfugiés sont arrivés au gymnase Thierry-Rey, réquisitionné par le préfet. Ils viennent d’un campement sur Paris regroupant 1 200 personnes et la préfecture de Région a décidé, pour des raisons sanitaires, de les replacer dans quatre villes d’Ile-de-France : Bezons, Versailles, Cergy-Pontoise et Lagny-sur-Marne. A cette heure, ils ne sont plus que 130 car un certain nombre est reparti sur Paris ou ailleurs » explique Jean-Paul Michel, le maire.
Les réfugiés sont issus de 9 nationalités différentes. Ce sont des hommes, de 25 à 35 ans, venant de Somalie, Lybie, Tunisie, du Tchad, Soudan, d’Érythrée, Afghanistan. L’État prendra en charge les coûts, soit l’eau, l’électricité et même les heures supplémentaires du personnel municipal. « Nous n’avons pas choisi cette situation, on la subit. Mais la Ville a décidé de l’assumer au mieux » martèle le maire.
« Le maire d’Argenteuil s’est farouchement opposé à l’arrivée de migrants dans sa ville, pourquoi pas vous ? » objecte un habitant. Les applaudissements crépitent, les huées fusent. Jean-Paul Michel réplique que le contexte de la ville d’Argenteuil est différent, qu’il ne fait pas de « politique-spectacle » et qu’il est vain de s’opposer à une réquisition préfectorale. Applaudissements de l’autre camp.
Sylvie, enseignante d’école primaire, se lève pour proposer de leur apprendre le français afin de faciliter leur intégration. « Il y a des gens qui ont proposé spontanément de prendre le linge pour le laver chez eux et le ramener. C’est aussi une solution pour qui veut aider » renchérit-elle. « Et pourquoi pas leur apporter le café le matin ? » ironise un habitant.
Le gymnase a été requis pour une durée minimum de 15 jours, mais tout dépendra du temps mis par les associations et l’État pour trouver des solutions d’hébergement pérennes. « Mon fils, âgé de 19 ans, a eu peur car un groupe s’est formé devant lui alors qu’il rentrait tard du travail. Hier la mosquée, aujourd’hui les migrants, je trouve que ça fait beaucoup ! » s’exclame une habitante.
Une autre s’inquiète pour sa fille qui se rend au lycée Van-Dongen. « Il y a 130 jeunes hommes qui sont effectivement libres d’aller et venir. Nous avons demandé des rondes supplémentaires au commissaire de police et mobilisé notre police municipale, soit douze agents. De plus, deux agents de sécurité sont en permanence sur le site » tient à rassurer le maire.
Mandatée par le préfet, l’association la Rose des vents s’est chargée de leur accueil et un médecin leur a été affecté. Des associations caritatives proposent également leur aide. « Est-ce qu’on a une possibilité en tant que citoyen lambda de Lagny d’apporter une aide quelconque à ces personnes ? » interroge un participant.
« Le gros besoin porte sur des couvertures et des vêtements. Vous pouvez les apporter à la mairie. L’Office français de l’immigration et de l’intégration est venu hier les rencontrer et accomplir des démarches avec eux » répond Estelle Butez, directrice du pôle habitat et d’intégration de la Rose des vents.
Sur le risque de tuberculose, Francis Abramovici, médecin, précise que les protections ont été prises mais souligne : « La tuberculose est une maladie des pays pauvres. Le vaccin ne protège pas à 100 %, c’est pour ça qu’il n’est pas obligatoire eu Europe. Il est utile, mais pas suffisant ».