Le centre culturel de Chelles a été le théâtre d’un événement particulier, mercredi 11 mai : les élèves du lycée Gaston-Bachelard sont montés sur scène et ont insulté le public. S’il y avait du public, c’est parce que les jeunes jouaient une pièce contemporaine.
« Vous avez préféré être là ce soir plutôt qu’à la cérémonie d’ouverture du festival de Cannes et vous avez bien eu raison ! » a lancé, mercredi, Laetitia Boisseau devant une centaine de spectateurs.
Professeur de français, elle dirige l’option théâtre au lycée Gaston-Bachelard, une initiative mise en place en 2006 par Florence Colin. Ses élèves sont montés sur les planches pour interpréter une pièce contemporaine de Peter Handke, « Outrages au public ». Le titre claque déjà comme une provocation. Et c’est bien sûr comme cela que l’auteur autrichien l’a voulu lorsqu’il a écrit, en 1966, la pièce sans histoire, sans intrigue ni fil narratif précis.
Unité de temps, de lieu et d’action, certes, mais où tout est néanmoins joyeusement chamboulé. Une représentation moderne et insolite qui n’a laissé personne indifférent tant elle détone, interpelle et bouscule les sacro-saints codes du théâtre établi. « Vous êtes tous réunis ici alors que vous venez d’horizons très différents. Nos respirations se confondent dans cet espace. Vous nous épiez et nous vous regardons. Vous êtes assis dans la salle… mais c’est vous les acteurs ! » ont asséné les lycéens à leurs familles et amis, étonnés, avant que ces derniers ne se fassent copieusement insulter. Le but a été atteint, les spectateurs ont été séduits par la portée de réflexion du texte.
L’atelier théâtre du lycée Gaston-Bachelard se compose d’une trentaine d’élèves et les cours ont lieu le mercredi, de 13 h 30 à 16 h 30. Pour ses mises en scène, la troupe est aidée depuis 2009 par la comédienne Clémence Barbier. Paul Moulin, comédien également, accompagne depuis maintenant trois ans les jeunes acteurs sur la scène dans un répertoire qui se veut très éclectique puisqu’il va de Sénèque à Luigi Pirandello en passant par Pierre de Marivaux. Et comme 10 ans d’existence, cela se fête, les élèves de l’atelier ont tenu à rendre hommage à leurs trois mentors en les appelant sur scène à la fin du spectacle. Standing ovation.