Georges Brassens ► Des textes inédits publiés et mis en musique

Georges Brassens va encore en estomaquer plus d’un avec des textes de chansons inédits qui viennent d’être publiés et mis en musique par Yves Uzureau, guitariste et chanteur, habitant de Lagny-le-Sec dans l’Oise.


« Georges Brassens, premières chansons » : L’ouvrage réunit 68 textes de l’homme à la guitare et à la pipe qui a marqué des générations avec ses célèbres chansons telles que  « Les Copains d’abord », « Le Gorille », « Je me suis fait tout petit »…

Les textes ont été écrits entre 1942 et 1949, recopiés soigneusement dans des cahiers avant d’être déposés à la SACEM. Les 64 textes, ni interprétés en public, ni enregistrés par le chanteur, à l’exception de quatre d’entre eux : Maman, Papa ; Le bricoleur ; Les Amoureux des bancs publics et J’ai rendez-vous avec vous, ont repris vie grâce à Jean-Paul Liégeois, directeur de la collection « Brassens d’abord » aux éditions du Cherche Midi et à Yves Uzureau, auteur, compositeur, interprète, et comédien. De quoi ravir les inconditionnels de l’inoubliable chanteur.

Une naissance

Des époques différentes, des coïncidences, des histoires improbables et des rencontres inespérées ont permis au livre de voir le jour.

Entre mars 1943 et mars 1944, Brassens est à Basdorf (Allemagne), au STO. Il écrit des textes. Son compagnon d’infortune est René Iskin avec qui il se liera d’amitié. Le soir, dans les baraquements du camp, René écoutera Brassens mettre des mélodies sur ses textes et sera donc le premier à entendre les inédits.

Bien des années plus tard, le jeune Yves Uzureau découvre le chanteur. Il raconte : « En décembre 64, le Père Noël m’a offert une guitare et un 45 tours de Georges Brassens. Je m’en suis inspiré, je l’ai découvert. A 20 ans, je chantais comme lui ».  De son côté, Jean-Paul Liégeois rencontre Brassens à 11 ans par le biais d’amis : « Plus tard, je suis allé le voir sur scène en 1963. Il m’a reconnu. Puis, je suis devenu journaliste et je l’ai interviewé. Quarante ans plus tard, je suis devenu éditeur de ses chansons ».

Grâce à un magnétophone…

En 1994, René Iskin, Yves Uzureau et Gibraltar* dînent ensemble. René prend un magnétophone qu’il pose sur la table, sort un cahier précieusement conservé et chante les chansons de Brassens, celles tant entendues durant leurs années dans le camp de travailleurs. Yves Uzureau explique : « Certes, Brassens avait bien déposé ses textes à la SACEM mais pas les musiques. Seule la mémoire intacte de René faisait depuis office de tabernacle. Il s’est mis à les chanter. La cassette tournait, enregistrait puis, il l’a retirée du magnéto, me l’a tendue et m’a dit, c’est pour toi. C’était un cadeau inestimable ».

Des arrangements musicaux

pour les textes inconnus

Parallèlement, Jean-Paul côté découvre des merveilles enfouies dans une cave, des textes jamais publiés. Les deux hommes se connaissent et apprennent qu’ils détiennent chacun  un trésor culturel emprunté au chanteur disparu. Ils décident alors de travailler sur la sortie d’un  livre contenant un CD.  Yves aura la direction artistique, fera les arrangements et interprétera six chansons, tandis que Jean-Paul prendra soin de la publication des textes. Le livre sera doté d’un prologue de Gabriel Garcia Marquez, écrivain colombien qui a dit : « Il y a quelques années, au cours d’une discussion littéraire, quelqu’un m’a demandé qui était le meilleur poète contemporain en France. J’ai répondu sans hésitation, Georges Brassens. »

Le livre a été publié le 31 mars de cette année. Les textes « écrits au propre » de la main du chanteur dans un cahier à carreaux illustrent  les chapitres. Ils sont parfois naïfs ou fleurs bleues mais, rappelons qu’à l’époque, Brassens était un jeune homme.

Pour clore leur voyage, les lecteurs ont la possibilité d’écouter le CD comportant six chansons inédites pour replonger dans l’univers singulier du  poète.

Jean-Paul Liégeois et Yves Uzureau ne tarissent pas d’anecdotes à raconter concernant le chanteur poète et aiment à rappeler : « Il avait un sens inné de la manière d’écrire une chanson. D’ailleurs, sensible à l’écriture des textes et pour l’anecdote, il a dit à Renaud, Vos chansons sont bien faites… »

  • Gibraltar : surnom de Pierre Onténiente, secrétaire et comptable de Brassens.