Suzanne Piederriere est la doyenne de Mitry-Mory et peut-être même de la région. Elle file ardemment vers ses 106 ans, pas trop vite si possible, mais sûrement.
La doyenne des Mitryens a bon pied bon œil. Suzanne Piederriere vit dans la commune depuis 1950. Les jours s’écoulent au rythme du chant de ses oiseaux en cage. Chaque jour, elle bénéficie d’une aide à domicile qui lui tient aussi compagnie, en attendant que sa fille, Jacqueline, fraîche sexagénaire, retraitée d’Air France et demeurant à Saint-Mard, prenne la relève.
Suzanne est un peu engoncée dans son fauteuil et cale ses pieds dans ses charentaises. De temps en temps, elle se lève pour faire une bricole, aller voir ses oiseaux…
Il y a 65 ans, le couple Piederriere a acheté une maison pour venir le week end se reposer à la campagne. Puis avec l’arrivée de leur deuxième fille, Jacqueline, ils ont décidé de rester à Mitry-Mory. Suzanne travaillait comme vendeuse aux Galeries Lafayette à Paris. Son mari, Robert, dans la sidérurgie, voyageait beaucoup. Suzanne se souvient : « Il sillonnait principalement le nord de la France pour son métier. Moi je l’attendais à Mitry, mais c’est vieux tout ça, j’ai du mal à me souvenir de tout ».
Suzanne a connu les deux guerres mondiales. En 1914, elle n’avait que 4 ans et ne se « souvient pas de grand-chose » comme elle dit. En 1938, Robert est mobilisé et part à la guerre. Suzanne attendait sa première fille, Jeanine, qui naît en 1939. « La petite ne connaissait son père que par une photo exposée sur la cheminée » se remémore la doyenne. « Toute seule à Paris avec mon enfant, cela n’a pas été marrant tous les jours. Ils fallait se cacher en permanence pour éviter de se faire tirer dessus par les Allemands. Je me souviens aussi quand les chars américains sont entrés dans Paris, c’était effrayant, ça tirait dans tous les coins, nous étions cachés dans la cave… Jeanine a finalement connu son père à la libération. « Enfin nous avons pu recommencer à vivre » commente Suzanne.
Le couple Piederriere a eu trois enfants : deux filles et un fils. Ce dernier vit en Guadeloupe avec sa famille. Robert est décédé en 1980.
A 105 ans, Suzanne regarde défiler la vie tranquillement et conseille aux jeunes de garder l’espoir que la paix revienne dans le monde. Elle recommande également de ne pas « faire de bêtises » : « Je suis en bonne santé. J’ai 105 ans, et alors, ça m’est égal ! » lance Suzanne qui aura 106 ans le 2 novembre.
A Mitry-Mory, Suzanne n’est pas la seule à avoir dépassé les cent ans. Le cycliste, Robert Marchand, maintient la pôle position de doyen chez les hommes avec ses 104 ans qu’il a d’ailleurs fêtés en grandes pompes (voir notre article ici)
La doyenne des Français, en Guyane, a 115 ans. Le doyen en a 109 et habite dans les Alpes-maritimes.
Le monde est petit, parfois on peut tomber sur un article qui vous fait rebondir 31 ans en arrière. Suzanne est ma tante et sa fille Jacqueline en photo près d’elle, nous l’appelions « Jacotte », mais c’est de l’histoire ancienne. Je lui souhaite encore de belles années.
Ghislaine