Comme à son habitude, Patrick Maillard a présenté ses vœux aux Jossignaciens de façon originale. Cette année, c’est le Petit Prince, héros du conte de Saint-Exupéry, qui l’a inspiré pour évoquer ses projets sur Jossigny.
« Je me voyais allongé dans le parc des loisirs lorsqu’une drôle de petite voix me réveilla et me demanda de lui dessiner un mouton. Je connaissais ce garçon aux cheveux d’or et au rire cristallin : j’avais lu le Petit Prince » a commencé le maire, devant près de 200 personnes rassemblées dans la grange aux Dîmes, samedi 14 janvier.
Le Petit Prince venait de l’astéroïde B-612. Rapidement, sa curiosité s’est portée sur la planète J-640 (Jossigny, 640 habitants). « PLU, ça veut dire quoi ? ». Le maire lui répond qu’il s’agit du Plan local d’urbanisme. « Bof, ce n’est pas joli, je préfère Projet légitime urgentissime. Alors, dessine-moi ton PLU » intervient l’enfant.
Plus sérieusement, le conseil municipal a décidé la révision, fin 2014. Le village veut maîtriser l’urbanisation, améliorer les équipements socio-économiques, protéger le patrimoine architectural et mettre en valeur le bâti « remarquable ». Il vise aussi à pérenniser les richesses naturelles par le maintien de la plaine agricole, dont l’enjeu dépasse le cadre communal. Un projet d’aménagement de la commune devra être réalisé en conformité avec le SCOT (Schéma de cohérence territoriale), le PLH (Plan local de l’habitat) et le PPEANP (Périmètre de protection des espaces agricoles et naturels périurbains). « Une enquête publique aura lieu dans quelques mois pour que chaque habitant de J-640 puisse s’exprimer » a précisé le maire, samedi.
Les travaux d’assainissement se poursuivront jusqu’en février. Ils sont financés par la CAMG, un acronyme qui n’a pas manqué d’interpeller à nouveau la curiosité du Petit Prince.
Hochant gravement la tête, le Petit Prince a commenté l’explication du maire. « C’est une constellation de projets et il ne faudrait pas que vos grands ordonnateurs décident de vous réduire à CAMG-92 000. Les personnes importantes adorent les chiffres et sont capables de créer une planète de 340 000 habitants qui, elle, porterait le nom de Val-Maubuée, Val-d’Europe, Marne-et-Chantereine… Et votre CAMG ne serait alors qu’un astéroïde comme les autres ».
Le maire a rassuré son visiteur car, même s’il y a beaucoup d’espace sur sa commune, il limitera l’appétit des promoteurs « qui ne rêvent que d’euros ». Le centre-ville verra cette année la construction de 65 logements et l’école (66 élèves, de la maternelle au CM2) sera réhabilitée et agrandie. Une classe poney, d’une durée de trois jours, sera organisée en mars, à Argueil (Seine-Maritime).
Depuis deux ans, la municipalité attend des subventions pour aménager ses routes. « Nous essaierons de les faire sans l’aide du Département qui tergiverse » indique Patrick Maillard.
Le TAD (Transport à la demande) a été mis en place, début janvier, par le syndicat de transport. Les habitants peuvent prendre le bus sur simple rendez-vous. Une réunion publique d’information sur le nouveau service se tiendra ce soir, mardi 17 janvier à 19 heures, à la grange aux Dîmes.
Au milieu du discours, Geneviève, une habitante âgée de 88 ans, a fait un malaise. Elle n’a pas supporté la chaleur et la station debout, et s’est évanouie. Une fois assise et les jambes allongées, elle a recouvré ses esprits, au grand soulagement de l’assistance. « J’ai fait un malaise car je voulais tomber dans les bras d’un jeune homme, mais c’est manqué. Inutile d’appeler les pompiers, ça va mieux ; surtout quand j’aurai bu un petit coup » a-t-elle confié en souriant. Néanmoins, l’unité de secours a préféré l’emmener pour des examens complémentaires. L’hôpital étant juste à côté, nul doute qu’elle est rapidement rentrée chez elle. Geneviève habite le village depuis 1958 et n’a jamais manqué depuis une seule cérémonie de vœux.
« Alors que le Petit Prince me demandait de lui dessiner un maire, je me suis réveillé. Je ne sais toujours pas exactement ce qu’est un maire. Je vous invite à relire le chef-d’œuvre de la littérature. En cent pages, Saint-Exupéry a répondu à toutes les questions de la vie, de notre humanité. Dessinons ensemble l’avenir de Jossigny-640 ! » a conclu Patrick Maillard sous les applaudissements.
Le 31 juillet 1944, Antoine de Saint-Exupéry a disparu mystérieusement à bord d’un avion de reconnaissance, au large de Marseille. Le Petit Prince, son personnage fétiche, ornait les derniers billets de 50 francs et il reste le plus lu des auteurs français. De tous les styles littéraires, Saint-Exupéry préférait l’impact de la fable, porteuse du souffle frais de la poésie. Traduit en plus de cinquante langues, son roman a dépassé les quatre millions d’exemplaires en français.