Le référé de Plaines et monts de France a été rejeté, vendredi dernier (voir notre article ici). Les élus ont voté le budget de l’interco « comme si de rien n’était » mais encore plus, les esprits se tournent vers les 160 salariés qui pourraient rester sur le bord de la route, avec les vingt communes restantes.
En partant dans le Val-d’Oise pour faire partie du Grand Roissy, contre leur gré rappelons-le, dix-sept des communes de la CCPMF (Communauté de communes Plaines et monts de France) vont emporter avec elles leurs recettes dont la plupart sont issues des retombées de Roissy CDG. Plaines et monts de France, qui refuse pour le moment de travailler avec le Val-d’Oise, a voté son budget à trente-sept. Celui-ci est de 90 millions d’euros. Jusque là, rien d’étonnant. Cependant, si l’Etat finit par avoir gain de cause – et c’est manifestement ce qui se profile – ce n’est plus qu’un budget de 6 millions qui restera aux vingt communes restantes.
Au sein de l’interco elle-même, les craquelures commencent à apparaître. Certains, comme Mitry-Mory, veulent prendre leur place dans le Val-d’Oise, « parce qu’on a des choses à défendre » et « qu’il y a peut-être des éléments intéressants pour nous là-bas » commentait Marianne Margaté, adjointe au maire et conseillère départementale, au dernier conseil communautaire du lundi 14 décembre. Son homologue, Bernard Corneille, le maire d’Othis, parle d’un vrai « casse pattes » et comme d’autres, regrette que l’interco qui avait commencé à bien fonctionner, bien qu’elle ait eu du mal à se mettre en route avec ses nouvelles intégrations de villes (Mitry, Compans, Le Pin et Villeparisis), soit broyée de la sorte.
Xavier ferreira, maire de Charny et président de l’amicale des maires du canton de Mitry – si tant est que la découpe administrative veuille encore dire quelque chose – souligne que « le budget qui va rester aux vingt communes gérées en Seine-et-marne ne sera guère plus élevé que celui de sa commune »
Bernard Rigault, le président de la CCPMF, appliquera la politique de la chaise vide. « Pas question d’aller travailler avec les communes du Val-d’Oise dont certaines d’ailleurs ne veulent pas de nous, parce qu’elles savent bien que nous n’avons pas les mêmes préoccupations et pas du tout le même fonctionnement du fait de notre ruralité. D’ailleurs, les maires d’Arnouville et de Garges-Lès-Gonesses, des secteurs très urbains, s’étaient également opposés à l’intégration.
Le mois dernier, Jean-François Copé, maire de Meaux et président de la CAPM (Communauté d’agglomération du Pays de Meaux), qui soutient officiellement Plaines et monts de France, après avoir annoncé qu’il ne « souhaitait pas récupérer les communes du côté de Dammartin dont Saint-Soupplets » a finalement déclaré qu’il se marierait avec la petite interco (Voir la vidéo ici) des Monts de la Goële. Concernant Dammartin, les intentions officieuses du président de la CAPM pourraient projeter de bien différents desseins, de la même manière que le phénomène se produit pour Saint-Soupplets – dont le maire, Stéphane Devauchelle, se sentirait bien d’être intégré à la CAPM.
Jean-François Copé a également placé ses pions à Lizy-sur-Ourcq et La Ferté-sous-Jouarre. Dans ces conditions, sans doute est-il inutile pour les vingt maires qui resteront du démantèlement de la CCPMF, à Dammartin, d’avancer leur nez pour une quelconque et éventuelle présidence qui risque bien de ne même pas voir le jour. Qui ferait le poids contre le maire de Meaux et un projet de grande métropole ?
L’univers se transforme et les métropoles jouent – à peine – des coudes pour se substituer au intercommunalités. Pour se faire accepter, on dirait même que les agglos géantes se déguisent en gentilles intercos. Cependant, des paramètres aussi simples que la gestion des salaires ou le partage des compétences semblent leur échapper. Bref, c’est une vraie pataugeoire où les microbes prolifèrent aux côtés des illusions et des désillusions qui s’enchaînent.
D’autres ont aussi fait les frais de décisions autoritaires. Toujours dans le nord du département, Chelles vient d’être absorbée par l’interco nouvellement formée, « Paris – Vallée de la Marne « . « Je regrette que cette nouvelle agglomération ait été décidée en fonction d’intérêts politiques » a souligné le maire, Brice Rabaste. (Voir le communiqué complet ici)
Alain Aubry, maire du Mesnil-Amelot et vice-président de la CCPMF, ne croit plus vraiment au bénéfice des batailles et parle de devoir faire son deuil. « On se donne encore quelques jours pour voir. On va expliquer des éléments essentiels au préfet et poser des questions capitales comme comment fait-on pour les salaires des employés, car nous n’avons toujours pas de réponse de l’autre côté ».
Bernard Rigault, président de la CCPMF, continue de mettre ses espoirs dans le panier des réunions. Un rendez-vous devrait avoir lieu au plus tard le 4 janvier, avec Jean-Luc Marx, le préfet de Seine-et-Marne. Peut-être les 160 salariés de l’interco sauront-ils alors quel sort leur sera réservé ? Dans environ trois mois, la décision du conseil constitutionnel tombera.