Au collège Jean-Jacques Rousseau, à Othis, les professeurs sont inquiets : l’application de la réforme des collèges aura des conséquences sur la rentrée 2016, comme « l’appauvrissement de l’offre d’enseignement et l’accroissement des inégalités sociales ». Ils ont alerté les parents d’élèves et les invitent à une assemblée générale qui aura lieu jeudi 11 février, à 18 heures, au collège.
Marjorie Lecerf, professeur d’EPS et représentante des personnels enseignants, observe que les différents changements annoncés par le gouvernement induiront une réduction de l’offre d’enseignement pour le collège d’Othis : « L’offre bilangue est supprimée dans notre collège. L’intervention du ministre a permis à certains établissements, comme à Dammartin, de récupérer le bilangue, mais nous ne comprenons pas comment sont faits les choix et nous n’avons aucune réponse. Nous perdons également les options euro-anglais et euro-allemand, le latin, le grec. Nous craignons que nombre d’élèves partent dans le privé où ces possibilités seront accessibles ».
Autant les professeurs que les représentants des parents d’élèves FCPE se désolent des conséquences « en terme de mixité sociale ». Ainsi, Sophie Le Mélinaire confirme l’inquiétude : « C’est principalement l’accompagnement personnalisé qui me pose problème, car encore une fois, ce sont les élèves en difficulté qui en pâtiront. Je déplorerai aussi l’arrêt de l’anglais euro, s’il est confirmé. »
La réforme permet de proposer, à l’initiative du collège, des EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires) de langues et cultures antiques, par exemple, qui permettraient de réintroduire latin et grec, mais la dotation horaire n’est pas prévue et ne pourrait être mise en place qu’au détriment d’autres projets. Marjorie Lecerf souligne le paradoxe : « Nous avons la possibilité de proposer de l’accompagnement personnalisé, des EPI, mais les moyens donnés en terme d’heure d’enseignement sont minimes. Les effectifs des classes de 6e seront de 29 à la prochaine rentrée. Pour que l’AP soit efficace, il faudrait dédoubler les classes, mais les moyens sont insuffisants ».
La grande majorité des professeurs est opposée à la réforme. Lors de la grève du 26 janvier, deux-tiers des enseignants travaillant ce jour-là se sont déclarés grévistes : une mobilisation inédite au collège d’Othis, qui démontre combien la réforme et ses conséquences les préoccupent.
Pour de nombreux parents, la réforme reste floue. Ses enjeux ne sont pas bien compris et Sophie Le Mélinaire souligne : « Je ne sais pas si ma fille, qui est en 5e cette année, subira l’impact de la réforme. J’attends l’assemblée avec intérêt pour en savoir plus ». Le sujet de la réforme est vaste : refonte structurelle, changement de programme, nouvelles modalités d’évaluation, nouveau DNB (pour plus d’informations www.reformeducollege.fr ). Le 11 février, les familles auront toutes les informations sur ce que leur réserve la rentrée 2016.