Le Mesnil-Amelot ► Attentats : les maires s’entraîneront aux situations de crise

Les maires de Seine-et-Marne ont été convaincus, hier au Mesnil-Amelot, récit à l’appui du maire de Dammartin-en-Goële sur la prise d’otage par les frères Kouachi : une réunion a permis aux élus de confirmer qu’ils devaient être préparés aux situations de crise et prêts à tout gérer.


Lundi 11 janvier, après les tristes commémorations des attentats, la veille, l’Union des maires de Seine-et-Marne (UM77) a proposé une information aux élus des communes. Plus question d’intercommunalité, de territoires étendus, de regroupement ou de démantèlement. C’est bien au niveau des communes, seules, que les crises, si elles surviennent, se gèrent. En cas de situation critique comme la prise d’otage des frères Kouachi à l’imprimerie dammartinoise CTD, le 11 janvier 2015, c’est bien le maire qui a dû prendre les décisions, entouré des forces de l’ordre et soutenu par le sous-préfet.

Lundi, la présidente de l’UM77, Valérie Lacroute, a ouvert la réunion en soulignant les incendies survenus dimanche dans deux églises, d’une part à Veneux-les-Sablons où les faits sembleraient accidentels, d’autre part à Fontainebleau où l’origine volontaire est privilégiée. « Ça peut frapper n’importe où et nous avons pensé qu’il serait bien d’être préparé. On ne peut pas tout prévoir mais on peut poser un minimum de bases sur lesquelles s’appuyer ».

Et une fois de plus, Michel Dutruge, le maire de Dammartin, a raconté ce qui s’est passé le 11 janvier 2015. Devant une cinquantaine de maires venus de tout le département, il a axé son discours sur la conduite à tenir et sur ce qu’il avait appris pendant la journée « la plus longue de toute sa vie ».

Il a ensuite cédé la parole à Laurent Combalbert, ancien négociateur du Raid, diplômé de la National Academy du FBI, qui conseille en cas de crise, en premier lieu, d’accepter qu’il y aura toujours une place pour l’improvisation et qu’on ne peut pas tout maîtriser. « Une grande partie de la réussite se joue sur la rapidité à prendre des décisions. Bien souvent, on attend trop longtemps que tous les feux soient au vert. Ça fait perdre du temps et en plus on n’est pas certain que ce sera le bon choix. Plus il y aura de monde dans la cellule de crise, plus les risques de perdre du temps et de se tromper de décision augmenteront…. La cellule de crise doit comprendre peu de gens. C’est sur le terrain que d’autres équipes se déploient ».

« Le danger vient des terroristes et des  journalistes »

Les élus l’auront compris, il faut une cellule de crise et s’entraîner aux situations, peu importe lesquelles du moment qu’on apprend à gérer le stress, les émotions, les administrés… et les journalistes, la bête noire du point du vue du maire de Dammartin qui raconte comment lui et Michel Catalano ont été harcelés par les médias. Si on établit un ordre de danger, les journalistes remporteraient la seconde place juste derrière les terroristes. On comprendra facilement que pour Michel Dutruge, le 11 janvier, une intrusion à l’intérieur du périmètre de sécurité (certains ont essayé) aurait pu mettre en danger d’une part les journalistes, d’autre part les otages des frères Kouachi.

Laurent Combalbert a apporté un fort esprit de nuance dans les propos du maire en expliquant que la population demandait à être informée et devait l’être et que c’était le rôle des médias. Ainsi conseillait-il non pas de tenir les journalistes à l’écart mais de « donner les infos, sans mentir et, dans la mesure du possible, de faire confiance à la presse en demandant expressément de ne pas diffuser certaines infos qui pourraient compromettre la réussite d’une opération ou pire mettre la vie d’éventuelles victimes encore plus en danger ».

Lundi, à la mairie du Mesnil, les élus ont pris des notes et conclu à l’évidence qu’il fallait se préparer à toute éventualité, y compris à « l’après », quand les assurances doivent prendre le relais sur les dégâts engendrés. Eric Gelpe, le directeur général de Groupama, a rappelé à ce titre l’importance d’être bien assuré…