Précy-sur-Marne ► Josette Mongeny, une artiste affranchie

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Un petit bout de femme aux yeux clairs, un peu timide et hésitante, ouvre la porte de sa maison à Précy-sur-Marne, une maison au bord de la rivière qui alimente l’inspiration de l’artiste.


A 69 ans, Josette Mongeny a connu une vie difficile. Emprisonnée dans l’univers de la maladie depuis son enfance jusqu’à aujourd’hui encore, soignée pour un lymphome depuis un an, elle se bat et gagne des victoires sur la vie. La peinture et la gravure sont salvatrices depuis toujours.

Jeune, de santé fragile, elle a séjourné dans les sanatoriums, les aériums. Sa scolarité était compliquée par ses absences répétées et sa dyslexie. Cependant, lors de ses longs séjours dans les milieux hospitaliers, la jeune Josette dessine Pif. Le chien la fait rêver. Elle ne s’en lasse pas mais la vraie révélation se fait lors d’un séjour dans une maison de repos : « Un artiste peintre est venu. Il a demandé à toutes les filles de mon âge de se mettre en cercle. Nous avions toutes une couronne de fleurs sur les cheveux et il nous a dessinées. J’ai été fascinée. C’est là que je me suis dit que je deviendrai artiste peintre à mon tour. J’avais 10 ans » raconte Josette.

De la soumission à la liberté d’expression

L’artiste avait épousé un homme qui, jaloux de son talent et possessif, lui interdisait de dessiner des nus, la soumettait à des restrictions artistiques, ce qui la privait de toute liberté d’expression.

A bout, Josette a quitté son mari, est partie avec ses enfants et a refait sa vie. Elle s’est inscrite au conservatoire de Gagny. Elle a travaillé sérieusement la peinture et le dessin. C’est alors que les médecins découvrent que la jeune femme est atteinte de myélite, une inflammation de la mœlle épinière. Son corps est en souffrance. Sa peinture s’en ressent. L’artiste peint des corps torturés et difformes. « Les gens qualifiaient ma peinture de macabre. Ils ne savaient pas ce que j’endurais dans mon corps et dans ma tête ».

La rencontre avec son professeur d’art, Guillaume Baugé, va changer sa vie. Il détecte chez Josette du talent : « Mon mari m’avait tellement traitée de nulle que j’en étais convaincue, alors je ne m’autorisais rien encore à l’époque. Je peignais avec des petits pinceaux. Je me faisais toute petite. Guillaume m’a demandé de peindre avec de gros pinceaux pour que je m’exprime et lâche prise. Je jetais sur mes toiles tout mon ressenti. C’est là que je me suis libérée complètement ».  Josette découvre aussi la gravure grâce à un atelier juste à côté du sien : « J’avais besoin de faire  quelque chose de plus appliqué, de plus manuel. Curieuse, j’avais soif de découvrir. J’ai appris de nouvelles techniques et cet univers m’a ouvert les champs des possibles » précise l’artiste.

Aujourd’hui, Josette est animatrice d’art appliqué au conservatoire de Gagny. Il y a  cinq ans, elle a rencontré un homme prévenant et encourageant :  « Gégé cherche toujours à me comprendre. Je n’avais jamais connu ça avant. Maintenant, je suis sereine ». Josette, femme libre et apaisée, peint ce qu’elle aime : les arbres, des paysages et des portraits de femmes, d’hommes, dont celui de Vladimir Poutine et de Raspoutine qui font sa fierté sans oublier celui de Gérard Depardieu qu’elle admire.

Enfin, Josette conclut en toute liberté : « Ça fait un an que je me soigne pour mon lymphome. Depuis un mois, j’ai repris mes activités. Je suis repartie, j’ai la pêche ! ».

Josette Mongény exposera ses œuvres au salon ARGA de Gagny les 13 et 14 février.
Mairie de Gagny, salle des fêtes, place Foch.