Bruno Cadoret : Dans son livre paru dernièrement, l’auteur raconte l’histoire de Briards qui sont partis pour le Canada et plus particulièrement au Québec. Certains venaient de Meaux, d’autres de Chelles ou encore de Mitry-Mory…
Ils sont partis parfois dans des conditions peu enviables, parfois par pure volonté et se sont installés sur le nouveau continent, au Canada. Ils ont quoi qu’il en soit érigé un pont entre les deux pays et construit l’Histoire.
« Qui étaient ces hommes et ces femmes de la Brie, volontaires pour un départ qui n’était pas sans risques et probablement sans retour : que cherchaient-ils, leur dessein était-il à la mesure de leur volonté ? C’est à ces questions que répond l’auteur » indique le professeur Jean-Paul Tillement, membre de l’académie nationale de médecine, délégué aux relations avec le Québec, en préface du premier livre de Bruno Cadoret : « De la Brie à la Nouvelle-France, l’émigration en Amérique française (1634-1763) ». L’auteur seine-et-marnais, dans un ouvrage singulier, a allié sa passion pour l’Amérique, plus précisément le Québec, et son vif intérêt pour l’histoire de la Brie.
A 47 ans, Bruno Cadoret, Villeparisien, cinéphile, projectionniste de métier, a profité d’une période de chômage pour s’atteler au projet : « Membre de l’association Seine-et-Marne – Québec depuis 16 ans, c’est en 2012 que je découvre un livre écrit par des historiens canadiens et français dressant la liste des Franciliens ayant quitté la France pour s’exiler au Québec. Je me suis intéressé aux Seine-et-Marnais. J’ai voulu comprendre ce qui les avait poussés à tout quitter. J’ai recherché leurs actes de naissance via internet, sollicité les archives départementales, les associations généalogiques du Québec, consulté les archives des journaux. J’ai investi les médiathèques, les bibliothèques, j’ai parcouru tout le département. Ça a été un travail colossal » explique Bruno.
Il y en avait de toutes sortes et de tous horizons franciliens : des Meldois, des Nemouriens, des Latignaciens, des Rozéens, militaires, artisans, marchands, administrateurs, des femmes riches, des filles du roi (des jeunes femmes célibataires ou veuves vivant dans les maisons de charité, des couvents, des maisons d’orphelines et des hôpitaux généraux).
«…leurs motivations étaient diverses : les uns au service du roi, les autres au service de l’Église, un tel engagé artisan pour s’assurer une vie meilleure, telle autre, orpheline sans dot pour se marier et fonder une famille, toutes et tous ont un goût prononcé pour l’aventure. Ils s’appelaient Morin, Montambault, Charron, Prudhomme, elles étaient Chapelier, Foubert, Savard. Ces colons sont partis s’établir au Canada et jusqu’en Louisiane » a écrit l’auteur. Encore aujourd’hui, les patronymes sont portés dans les deux pays.
De l’exil, forcé ou volontaire, ont découlé des histoires incroyables, heureuses ou tragiques, des tranches de vie dont les traces parsèment les rues des villes du Québec et de l’Ile-de-France : des statuts, des noms de rue… et des anecdotes que Bruno Cadoret aime raconter : « Angélique Faure de Bullion était une femme riche. A la mort de son époux, elle est devenue encore plus riche grâce aux terres qu’ils avaient à Brie-Comte-Robert. Son argent a servi à la fondation du premier hôpital de Montréal et à recruter des colons français pour repeupler Montréal menacée d’extinction à cause des guerres iroquoises… »
A Meaux, rue Cornillon, depuis samedi 17 septembre 2011, une plaque commémorative rend hommage à Pierre Charron, pionnier de la Nouvelle-France (Québec) en 1661.
Enfin, comme le résume Jean-Paul Tillement : « Dépassant le destin personnel, l’histoire de ces cas individuels introduit celle, plus générale, d’une source de peuplement à l’origine du Québec actuel… » Pour Bruno Cadoret, « Ce travail de longue haleine a été un vrai voyage dans le temps ».
« De la Brie à la Nouvelle-France, l’émigration en Amérique française » (1634-1763) – Bruno Cadoret – Éditions Fiacre.