Dans le nid, les petites mésanges charbonnières ont piaillé pendant des jours. Depuis que les œufs avaient éclos, papa et maman mésange ne cessaient de faire des allers et retours, apportant escargots grassouillets et chenilles dodues pour la progéniture harcelante. C’est que le couple avait élu domicile du côté de Nanteuil-Lès-Meaux, dans un interstice entre le mur et les tuiles du toit d’une maison. Ils étaient bien haut perchés et à l’abri des chats gourmands. Pourtant, un oisillon un peu plus pressé que ses frères et sœurs de prendre le large, un jour a manqué la marche qu’il pensait sans doute moins verticale et s’est retrouvé le bec sur le ciment, trois mètres plus bas. Heureusement son faible poids l’avait empêché de s’écraser. Peut-être même avait-il ouvert les ailes au moment de la chute, et l’effet planant l’aura ainsi allégé.
Toujours est-il que voilà notre petite mésange plutôt secouée, en perdant son appétit sur l’instant. Récupérée délicatement par les habitants de la maison, buvant une goutte d’eau au bout du doigt de la maîtresse des lieux, avalant quelques moucherons et graines enfournés par le fils, elle était mise en attente, au chaud dans un coton douillet avant que le père ne la replace dans le nid. Il avait fallu du temps pour repérer l’endroit exact, guidé à l’oreille par les cris des autres bébés, perpétuels affamés.
Papa et maman mésange, après avoir été dérangés par la manœuvre, il faut l’avouer, reprenaient leur va et vient incessant pour nourrir la famille de braillards, apportant au menu, ce jour-là, de magnifiques chenilles vertes.
Du matin au soir, les humains entendaient toujours les mésanges crier famine, tout en étant nourries toutes les cinq minutes par les parents attentionnés.
Une bonne douzaine de jours plus tard, peut-être quinze, plus rien. Les oisillons avaient pris la poudre d’escampette pour s’en aller vivre leur vie, pas très loin pour certains, au début, autrement dit dans la haie en bordure du jardin.