Farid Hammoudi : extrait de la conférence
Farid Hammoudi, médiateur – diversité au sein du groupe Crit*, ancien correspondant de la Halde, n’est pas forcément du côté des râleurs, des obsessionnels de la discrimination ou de l’anti-discrimination, pas non plus du côté de ceux qui se retranchent derrière leurs certitudes et s’arc-boutent sur le mince fil qui délimite parfois les rapports patron – salarié.
Comment faire pour éviter des ennuis pour le recrutement, l’évolution professionnelle, la conciliation entre vie professionnelle et vie privée, pour éviter de se tromper, pour avancer sans être dépassé ?
Une conférence a été organisée par l’association Roissy Entreprises et donnée en avril à l’hôtel Kyriad à Villepinte. Le médiateur a présenté aux chefs d’entreprise une réponse simple à tous les problèmes que le monde du travail peut rencontrer en matière de discrimination et d’égalité des chances. La réponse, c’est le médiateur…
Trop beau pour être vrai ? Farid rencontre des cas régulièrement à travers les appels des patrons ou des salariés et livre la solution. Ainsi dispense-t-il son savoir affûté, soutenu par une maîtrise de la psychologie, et les règles toutes aussi pointues qu’il détaille, exemples à l’appui.
A Villepinte, un aréopage de chefs d’entreprise était venu récolter l’information et a montré son intérêt pour le thème éminemment actuel.
- Vous ne m’embauchez pas parce que je suis arabe…
- Vous ne m’embauchez pas parce que je suis noir…
- Vous ne m’embauchez pas parce que je suis enceinte…
- Vous me rabaissez parce que je suis une femme…
- Vous ne me dites pas bonjour parce que je ne suis pas de la même religion que vous…
- Vous ne voulez pas de moi parce que je suis handicapé…
- Les Arabes sont tous des paresseux
- Les gens du voyage sont des voleurs
« Plus ça va aller, plus on va être confronté au problème de la discrimination. Régulièrement des entreprises m’appellent et exposent un problème qu’elles ne savent pas résoudre, dont elles connaissent mal les limites juridiques et envisagent difficilement les conséquences des décisions à prendre. Le risque, ce sont quand même des condamnations et des sanctions pénales » indique le conférencier.
« Mon métier ne devrait pas exister. Je ne devrais pas exister, du moins pas à ce poste » souligne Farid, mais Les cas se suivent et se ressemblent, ou pas. Il sait que les chefs d’entreprises sont « bien embêtés », particulièrement pour le recrutement et puis pour la vie dans l’entreprise.
Les chefs d’entreprise se sentent seuls
« Je suis turque, intervient dans l’assistance, une jeune femme… chef d’entreprise. J’ai été menacée par un salarié. Je me suis retrouvée dans mon bureau, en larmes car j’étais isolée. J’ai voulu déposer plainte, la police n’a pas voulu m’écouter. J’ai écrit au procureur de la République, il ne m’a pas répondu… Nous, les patrons, nous n’avons rien pour nous défendre ! On est livré à nous-mêmes et on risque de gros ennuis si on réplique… »
Farid a la réponse immédiate : « Il faut contacter le médiateur, défenseur des droits. Il ne défend pas que les salariés. Il est aussi là pour vous, pour régler tous les conflits qui peuvent survenir ».
En effet, les patrons se sentent parfois bien seuls face à la discipline de fer exigée pour rester « dans les clous » et surtout face aux méandres des réglementations. « Certaines situations, typiques, posent toujours problème et c’est vrai, les patrons se retrouvent coincés. Par exemple, vous êtes une petite société. Comme beaucoup, vous avez besoin d’une secrétaire. Vous embauchez une femme et bien sûr, à l’entretien, vous avez respecté l’interdiction de lui demander si elle était enceinte. Elle n’en a pas parlé non plus étant donné que rien ne l’y oblige. Trois mois plus tard, les effets de la cigogne commencent à se voir… Et là, vous allez vous retrouver avec une salariée qui sera en congé et un travail qui ne sera toujours fait, sauf si vous embauchez une autre personne en CDD mais vous aurez là aussi son salaire à verser, et les charges patronales qui vont avec… »
Eh oui, dans le monde du travail, la grossesse est un problème et bien entendu, toute discrimination fondée sur l’état de grossesse est interdite. Ainsi, l’employeur ne doit pas prendre en compte l’état de grossesse pour refuser d’embaucher, pour résilier la période d’essai, pour prononcer une mutation, pour refuser de renouveler un contrat, pour résilier un contrat, pour refuser une promotion – augmentation, pour refuser une formation… Pour le chef d’entreprise, il y a donc des cases à cocher (de préférence les bonnes, juste à côté des mauvaises, c’est trompeur !), les règles à savoir, avant… Bref, il faut savoir, tout, ou bien ne pas rester seul et s’orienter vers le médiateur.
Anticiper
Le médiateur serait la réponse et surtout un soutien rapide pour les entreprises. Cependant, pour résoudre un problème lié à la discrimination, il sera difficile de passer outre les procédures de justice. Pour cela, mieux vaut se constituer un dossier bien carré et ça commence avant que le problème ne survienne.
Anti-discrimination, égalité des chances… Les nouvelles réglementations ont généré des effets pervers. Ainsi certains s’engouffrent dans la brèche – car il y en a une – et souvent actionnent le levier du chantage, de la fourberie et font peur aux chefs d’entreprises. Pour le médiateur, il n’est pas question d’arriver à la discrimination positive, mais simplement que le monde de l’entreprise soit juste pour toutes les parties.
*Connaître le groupe Crit : http://www.groupe- crit.com/infos/annuel/Groupe_Crit_Rapport_Annuel_Document_de_Reference_2013.pdf