Incapable de financer la réhabilitation du fort de Vaujours, la communauté d’agglomération Marne-et-Chantereine (CAMC) est sur le point de céder la parcelle de 16 hectares à la société Placoplâtre qui prévoit l’exploitation d’une nouvelle carrière de gypse à ciel ouvert. Cependant, l’idée de la vente est loin de faire l’unanimité. Les habitants de Courtry, la commune qui se situe en aval du fort, sont en effet inquiets des dernières études radiologiques ayant détecté de la radioactivité.
Construit en 1876 pour assurer la défense de Paris, le site a ensuite abrité le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de 1947 à 2011. En juillet 2011, afin d’y aménager une zone d’activité économique, une surface de 9,5 hectares a été achetée 1,132 million d’euros par la CAMC, présidée à l’époque par le maire de Chelles, Jean-Paul Planchou. Puis, en 2012, une autre parcelle de 7 hectares appartenant au ministère de la Défense a été acquise pour 582 000 euros. Depuis, le terrain qui représente le tiers de la superficie totale du fort est aujourd’hui fermé au public et laissé à l’abandon et par la même occasion aux vandales.
Jean-Pierre Noyelle, le président de la CAMC et maire de Vaires-sur-Marne, souhaite maintenant céder le terrain à Placoplâtre qui exploite déjà une parcelle voisine. En échange, la société s’engage à assainir le site. En effet, les dépollutions chimiques et pyrotechniques se sont avérées extrêmement coûteuses. Selon les différentes analyses, le lieu renfermerait encore de l’amiante, des métaux lourds, des munitions de guerre enfouies et… de l’uranium. Pour le président, « le risque de radioactivité sur la parcelle concernée est nul ». Il met en avant les rapports d’expertises de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) et de l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire).
Pourtant, une autre campagne de mesures radiologiques, effectuée début 2014, a bien identifié la présence d’uranium. « L’Etat s’étant désengagé, la Région et le Département n’ayant pas les moyens, le groupe Placoplâtre est le seul recours pour valoriser et dépolluer le site » assure l’élu communautaire.
Si Xavier Vanderbise, le maire de Courtry et vice-président de la CAMC, dans un communiqué du vendredi 4 septembre, ne nie pas le véritable gâchis que « constitue aujourd’hui un élément de patrimoine sans aucune valeur, pollué et inexploitable », il estime néanmoins que la société Placoplâtre n’a pas donné « les garanties établissant l’absence de dangers dans les travaux de démolition » et dénonce « le manque de considération total pour la sécurité des Courtryiens et des ouvriers présents sur le chantier ». Estimant que la décision du président de la CAMC va à l’encontre de ses convictions et de ses engagements, il a annoncé qu’il ne participera pas aux votes qui iront dans ce sens.
La société Placoplâtre n’a toutefois pas encore donné de réponse à la proposition de cession.