C’était la fête des grands-mères, dimanche 3 mars. Comme tous les ans, chaque premier dimanche de mars, enfants et petits enfants, selon leurs âges, se sentent obligés de passer par le coup de téléphone ou le bouquet de fleurs, des gestes qui font plaisir aux grands-mères qui ne manquent pas de se dire qu’ils sont gentils, qu’ils ont pensé à elle… C’est vrai, on ne peut pas vraiment dire le contraire, quoique… Est-ce vraiment un cadeau, une pensée sincère ou une action dictée par la pression d’une société consumériste ?
Les grands-mères ne sont pas toutes « arrières » et sont en général en capacité de réfléchir, pas dupes quant aux actions ou non-actions de leur descendance.
Faut-il souhaiter la fête des grands-mères ou pas ? La question revient chaque année depuis que le jour a été instauré, en 1987. Ça fait déjà près de quarante ans que la France a mis au pas la population bienveillante et culpabilisable sur le sujet entièrement créé pour des raisons commerciales. L’histoire remonte au temps jadis et n’a rien d’historique ou religieux. C’est la marque des cafés Grand’mère, à l’occasion de ses 20 ans, pour booster ses ventes. Quand on y pense, tout de même, les grands-mères ont-elles envie d’être associées à une marque de café ? C’est vrai qu’avec l’âge on devient normalement plus philosophe et qu’on se dit, « Les petits-enfants ont l’air contents de me la souhaiter, alors je vais leur montrer que ça me fait plaisir ».
Après, tout dépend de la manière du geste… Ils vivent à Lyon et ont fait le déplacement pour l’occasion ? C’est sans doute qu’ils ont voulu témoigner leur attachement, « pourvu que ce ne soit pas qu’une fois par an ». « Ils sont gentils, ils font ce qu’ils peuvent, ils sont tellement occupés » se dit la grand-mère bienveillante, un peu comme la mère naïve de Sidney Thomas joué par Albert Dupontel dans son film, Le Vilain. Braqueur de banques, pourchassé après un mauvais coup, il a l’idée d’aller se cacher chez sa mère dont il ne s’est jamais préoccupé durant plus de vingt ans.
« Il faut appeler Mamie »
Même sans aller aussi loin, la fête des grands-mères n’est-elle pas un fardeau plutôt qu’autre chose, tant pour les petits-enfants, que pour les enfants qui doivent faire rappeler à leur progéniture « d’appeler Mamie », que pour la grand-mère elle-même qui a clairement l’impression d’être rangée dans la case des obligations ?
Après une vie d’expérience terrestre, de côtoiement avec la nature humaine, quand on arrive à un âge bien mûr, en général, les illusions se sont évaporées, souvent pour le meilleur car alors seule la vraie nature compte.
Altruisme, amour, famille et fête des grands-mères… Comme tout ça est empreint de philosophie engourdie et de bien-pensance dégoulinante.
Du côté des enfants, l’obligation devient rigidité morbide et joug implacable. Déjà la fête des mères, il faut s’en rappeler, la fête des pères aussi, même si c’est un peu moins, mais alors celle des grands-mères, ça devient franchement lourdingue.
« Trop commercial » commentent les marmots devenus grandets, argumentant ainsi contre leur bonne conscience.
De toute façon les plus indignes n’iront pas voir davantage la grand-mère à l’ehpad que les autres jours.
Allez, n’exagérons pas trop quand même, certains le font avec le cœur, et ça, c’est bon.
Pour ne pas les laisser pour compte, les grand-pères sont célébrés le premier dimanche d’octobre.