Le chauffage au poêle à bois, le plus économique, le moins polluant, le plus « équilibré », notre cœur balance-t-il vraiment entre notre porte-monnaie et l’environnement ? A l’heure de l’inflation galopante, des serrages de ceinture et des fins de mois compliquées, même souvent les débuts, seriez-vous prêts à payer un chauffage plus cher pour la bonne raison qu’il serait plus écologique qu’un autre ? Parmi les modes de chauffage considérés comme plus écologiques, autrement dit moins polluants, il semblerait que le solaire remporte la palme des énergies renouvelables, voire inépuisables. Vient juste derrière le chauffage au bois, un classique revisité avec les poêles et les chaudières actuelles et un quasi retour aux sources.
Avez-vous une âme de bûcheron ? C’est un peu ce qu’il faut pour se chauffer au bois.
Le chauffage au bois est écologique, peut-être, quoi qu’il dégage tout de même du CO2. Si le chauffage au bois est considéré comme « neutre en carbone », c’est parce que le CO2 émis lors de la combustion est compensé par celui qui a été absorbé par l’arbre avant que celui-ci soit coupé… A condition qu’au bout du compte il reste des arbres. Ecologique, sans doute, mais son prix commence à n’avoir pas grand chose à envier à la flambée du coût de l’électricité. Depuis plusieurs années, la Chine achète régulièrement un nombre colossal d’arbres des forêts françaises, ce qui a fait grimper les prix en flèche, en France.
Pourquoi s’en prennent-ils au bois hexagonal ? Simplement parce que le gouvernement chinois privilégie l’importation pour préserver les forêts du pays (le leur). Avec la reprise économique là-bas, la demande en matériaux atteint des sommets et la classe moyenne chinoise aime le bois. Le pli aurait été pris au moment de la crise du covid, où les entreprises françaises avaient des difficultés à transformer le bois. Elles envoyaient alors les stocks en Chine pour la découpe, qui renvoyait le bois transformé vers la France, ou ailleurs. Ainsi, les vendeurs français eux-mêmes seraient responsables de la fuite du bois vers la Chine.
Chênes, frênes, hêtres, épicéas… Une belle majorité des pousses françaises, une fois grandes, partent pour un voyage de dix milles kilomètres se faire découper et servir à la construction des maisons chinoises (pas au chauffage). La faute aux Chinois ? Vraisemblablement que non puisque ce sont les exploitants français qui ont allés chercher les ouvertures de l’autre côté du monde, en Chine, qui ensuite utilise le bois chez elle, ou revend à la Corée ou au Vietnam. Peut-on reprocher aux Asiatiques de reconnaître la beauté du chêne français ? Sans doute que non.
Charme et chandelle
Au bout du compte, le bois se fait rare en France et non seulement son prix est monté pour la construction, mais pour le chauffage également. Vous avez votre petit poêle de salon qui courageusement, en l’alimentant correctement, va chauffer toute la maison, ou quasiment. Eh bien vous aurez de la chance si vous trouvez le stère à soixante euros. Actuellement, le prix du stère de bois de chauffage balance entre 30 et 120 euros. La plupart du temps, il est entre 50 et 70 euros, ce qui donne une moyenne de 0,04 euro / kWh. Les tarifs varient suivant les frais de transport qui constituent entre 20 à 30% du prix. En plus, il faudra stocker les bûches, si possible à l’abri, parfois fendre celles qui sont un peu trop grosses, trouver du petit bois et de l’intermédiaire pour démarrer le feu… C’est tout un art et sans doute aussi ce qui fait le charme d’un chauffage au poêle, mais en rentrant du travail, le soir, bien fatigué, pas sûr qu’on ait vraiment envie de jouer les bûcherons.
Sinon on peut toujours cliquer sur le bouton du radiateur électrique, mais là, vouuuu (oui c’est le bruit que ça fait quand ça monte très vite), on entend la sonnerie du tiroir caisse qui se vide (ting). Alors on ne le fait pas, et on se réconforte en se disant que, allez, le bois, c’est surtout écolo, ça rappelle le charme (tiens, une essence de bois…) de la campagne, la soupe aux haricots qui mijote et l’éclairage à la chandelle, du temps où on n’avait pas Netflix tout de même.