Le projet de privatiser la collecte des bouteilles en plastique et assimilés a avorté. C’est en tout cas ce qu’exposent les intercommunalités chargées jusqu’à présent de la collecte des déchets via les syndicats de collecte et de traitement des ordures. C’est le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu, qui l’a dit, mercredi 27 septembre. Alors on le croit. Il aurait entendu les élus locaux dont les voix se sont élevées pour défendre leurs principes et par la même occasion leur porte-monnaie, tout comme celui du contribuable. Mais oui, la consigne prévue n’en était vraiment une…
C’est directement dans la poche des contribuables que le projet allait puiser avec l’idée de consigner les bouteilles en plastique. Le gouvernement, poussé par les lobbyistes de la grande distribution et certaines grandes entreprises, a fortement réfléchi à la mise en place d’une consigne sur les bouteilles en plastique, sous le prétexte de l’écologie.
Le créneau était prometteur : une fois recyclées, les bouteilles deviennent une matière qui se revend à bon prix. Aujourd’hui, elles permettent aux intercommunalités de financer le service public, les centres de tri, et les lourds investissements réalisés ces dernières années pour faciliter la collecte.
Une consigne sur les bouteilles en plastique aurait représenté une manne financière pour les acteurs privés qui auraient empoché le coût de la matière collectée et recyclée, soit 150 millions d’euros sur les matières premières, la hausse des prix sur toutes les bouteilles vendues qui n’auraient pas été rapportées en grande surface, et enfin la contribution qu’ils payent au service public pour la prise en charge des bouteilles en plastique qu’ils mettent en vente.
Mais voilà, c’est que prendre sa voiture pour ramener toutes ses bouteilles vides en grande surface, les déposer une par une dans un automate, et récupérer vingt centimes de hausse payés au moment de l’achat en plus sur chaque bouteille, c’était d’une part pas super écologique, puisqu’il faut prendre sa voiture, d’autre part pénalisant pour le porte-monnaie des habitants disciplinés et soucieux de l’environnement.
Allez zou… D’un revers de manche, dans son discours lors des Assises des déchets à Nantes (Loire-Atlantique), Christophe Béchu a signifié l’abandon du projet de consigne sur les bouteilles en plastique, après, quand même il faut le dire, de longs mois de combat de la part des collectivités qui ne voulaient ni perdre leur manne à elles, ni augmenter le tarif de la collecte pour les habitants.
Le service restera public
Côté consigne, celle-ci n’avait rien à voir avec l’ancienne qui est pratiquée pour les bouteilles en verre. La vraie consigne, c’est le réemploi : les bouteilles sont récupérées, lavées et réutilisées, sans avoir recours à la transformation pour recyclage, ce qui aurait été le cas pour la privatisation de la collecte.
Nous voilà rassurés, le changement n’arrivera pas et on peut continuer à remplir les poubelles de tri avec les bouteilles en plastique. Le service restera public et son fonctionnement sera prélevé sur les impôts des Français… le truc normal. Une seule petite chose peut varier d’un centre de collecte à l’autre, c’est la couleur du couvercle des bacs de tri, jaune, bleu, marron selon les secteurs. Quand on n’a plus que ça comme question, on peut dire que ça va.
Bref, les lobbyistes, eux, avaient bien repéré la perspective du gain et se sont faits rembarrer tandis que, dorénavant, les intercommunalités et les associations d’élus, en zorros de l’écologie, et surtout vraisemblablement du côté des gentils, se disent « prêts à échanger avec le ministre sur leurs propositions et les leviers à mobiliser en lien étroit avec les collectivités pour faire face à l’urgence de la pollution du plastique et en faveur de la performance de la collecte des déchets recyclables ».
Vous avez le droit de pousser un grand « ouf » de soulagement, avant de regarder le feuillet de la taxe foncière que vous venez de recevoir et qui fiche un coup au moral.