Habitants d’Ile-de-France, arrêtez de manger des œufs de poules domestiques, et arrêtez de manger tout court pendant qu’on y est… La pollution a eu raison des aliments gras, là où se stockent les POP, autrement-dit les polluants organiques persistants. Comment ne pas avoir une opinion quand on a un poulailler dans son jardin ou bien quand on s’applique à acheter des œufs d’animaux élevés « en plein air » ? Il s’agit tout de même d’une recommandation de l’ARS (Agence régionale de santé) selon une étude publiée mercredi 19 avril. De la grippe aviaire qui a fait enfermer les volatiles, à la pollution généralisée en Ile-de-France, nos pauvres poules ont bien du souci à se faire.
La mode était encore tout dernièrement à l’adoption de poules qui ont colonisé – à nouveau – les jardins des particuliers, ces derniers fortement incités au procédé puisqu’il s’agissait de réduire les déchets organiques ménagers dont les poules se délectent. Et puis la grippe aviaire est passée par-là, disons surtout les arrêtés d’interdiction de laisser sa volaille en liberté au jardin, sous peine d’attraper le virus et d’être responsable de sa dispersion.
Dorénavant c’est la pollution des œufs qui interdit d’en manger sous peine de mort. « Les sols, et plus largement l’environnement urbain sont contaminés par les trois polluants organiques persistants (POP), dioxines, furanes et des PCB, nocifs pour la santé, une pollution potentiellement généralisée en Île-de-France », dit l’ARS. Qui oserait contredire l’agence qui dicte les autorisations et les interdictions de sortir aux Français, et à leurs poules ?
On croyait bien faire avec nos petites poules jardinières, les propriétaires distribuant le grain en style sabots et chapeau de paille et récoltant les fruits d’un cloaque confortablement installé sur un lit de paille bien proprette. Il était tenu pour acquis, puisqu’incitatif, que le principe était vertueux, à l’opposé de l’achat d’œufs d’animaux de batterie. Eh bien voilà qu’on avait tout faux. Figurez-vous que sur vingt-cinq sites étudiés en Ile-de-France, tous sont contaminés par les POP, y compris les onze les plus éloignés des incinérateurs qui constituent la principale source de pollution produite lors des processus de combustion, mêlée aux rejets industriels (dont les incinérateurs), au trafic routier, et surtout au chauffage domestique. On vous avait déjà d’arrêter de vous chauffer…
Dans l’étude menée sur les sols et les œufs, la production de vingt-et-un poulaillers sur vingt-cinq répartis dans les zones urbanisées de la région, n’est pas consommable. Les œufs, riches en lipides, sont de bons marqueurs de la pollution, les substances toxiques se concentrant dans les corps gras. Alors, il faut arrêter de manger les œufs de nos poules, mais pas ceux de l’industrie car là, c’est contrôlé… On est sereins.
Vu que le gras en général est visé, il serait raisonnable aussi d’arrêter viandes, poissons, crustacés, lait et produits laitiers… alors qu’on croyait que des derniers étaient « nos amis pour la vie ».
Donner une autre vocation
aux casseroles
Si on veut malgré tout continuer à consommer les œufs des poules de jardin, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) recommande quelques bonnes pratiques comme d’éviter de laisser les poules picorer le sol en leur apportant une alimentation équilibrée. Ainsi, elles en oublieraient sans doute d’ingurgiter de la terre, de l’herbe et des insectes contaminés.
Virements et revirements de recommandations, on ne sait plus trop à quel saint se vouer et les alertes santé fichent les chocottes aux amis des animaux et de la bonne alimentation car côté santé, selon les autorités, les œufs peuvent quand même coller des cancers, des troubles de la fertilité et de la grossesse ou encore du diabète, et des effets perturbateurs endocriniens…
Mauvaise nouvelle pour les habitants des autres régions, les différentes métropoles sont également concernées. Les conclusions définitives de l’ARS seront livrées fin juin. D’ici là la populace est priée d’arrêter de manger… une bonne opportunité pour donner une autre vocation que la cuisine aux casseroles.