Envolée, c’est le mot du mois de mars, et sans doute restera-t-il en vedette pendant longtemps. Dans la presse, le terme revient constamment en parlant du prix des matières premières et des denrées alimentaires dans la zone euro…
Quelques jours après l’offensive russe contre l’Ukraine, la barre des 2 euros le litre d’essence est franchie et il est prévu que les prix du baril continuent de… s’envoler, ainsi que celui du gaz, tout comme pour l’électricité.
Le conflit en Ukraine a accéléré la hausse des prix déjà bien entamée. La guerre a fait s’envoler les prix des denrées alimentaires. La Russie est le premier producteur mondial de blé, de maïs et de soja, l’Ukraine occupe la place des cinq premiers producteurs mondiaux. En 2021, la Russie a exporté 35 à 40 millions de tonnes de blé et l’Ukraine, 20 millions de tonnes. Pour le maïs, l’Ukraine représente 16% des exportations mondiales. En quelques semaines, le blé a augmenté de 100 %, faisant passer la tonne de 200 dollars à 400.
L’envolée des prix touche aussi les engrais : l’ammoniac, le potassium et le phosphate qui les constituent viennent principalement de Russie.
Les prix des huiles vont aussi s’envoler. L’Ukraine est le premier exportateur mondiald’huile de tournesol (46,7%). L’arrêt ou la baisse de la production a eu pour conséquence la hausse des prix des huiles de soja (+21%) et de palme (+13%). Il fallait bien trouver des produits de substitution. La note au restaurant risque d’être plus salée.
Déjà des Français pensent faire des stocks de provisions, comme au début de la pandémie, voyant non seulement les prix des produits essentiels aux habitants et aux entreprises monter en flèche, mais aussi, par exemple, ceux des mutuelles, ou encore la CSG (contribution sociale généralisée).
Le ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, Bruno Lemaire, a indiqué, lundi 7 mars : « Je veux juste que chacun comprenne que nos vies ne seront plus comme avant, que cette crise est un tournant géopolitique majeur, et qu’on ne répond pas à un tournant géopolitique majeur uniquement en versant des chèques ici et là. » Les Français vont, selon toute vraisemblance, devoir se serrer la ceinture, toujours plus.
Le contexte économique risque-t-il d’entraîner une envolée de la colère sociale ? On se souvient que le mouvement des Gilets jaunes a commencé après une hausse du prix des carburants. Pour le moment, les sondages montrent une petite envolée de la cote de popularité du candidat président de la République sortant, Emmanuel Macron, lequel vient de dépasser la barre des 30 % des intentions de vote au premier tour, selon un sondage réalisé les 2 et 3 mars par YouGov. `
A l’automne, la saison sera marquée parl’envolée des oiseaux et cette fois, sans doute, des espoirs car l’envolée ne se fera pas au profit du porte-monnaie des Français.