La candidature de Manuel Valls à la mairie de Barcelone, en Espagne, en a étonné plus d’un. L’ex-Premier ministre de François Hollande a rendu sa candidature officielle, mardi 25 septembre. Du côté français comme de l’espagnol, les réactions sont mitigées.
Manuel Valls va devoir quitter son mandat de député de la première circonscription de l’Essonne pour pouvoir se consacrer à Barcelone dans le pays voisin, au moins pendant sa campagne pour le fauteuil de maire. Les élections municipales auront lieu le 26 mai 2019. Fini son attachement « indéfectible » à la France et à Evry. Depuis 2012, son bras droit, Francis Chouat était déjà à la tête de la ville puisque Manuel Valls avait choisi le mandat législatif.
L’étiquette « apparenté LREM » n’a pas suffit à Manuel Valls pour vouloir rester en France. Sa réponse, face aux accusations de prendre la fuite lancées d’un peu partout, était facile : tout simplement, il déclare vouloir incarner « la nouvelle Europe ». On s’en serait douté, figurez-vous… Comment justifier son départ autrement ? Celui qui a été évincé et plutôt repoussé du pied par le gouvernement Macron se drape dans sa cape de fierté et se réfugie dans « son pays d’origine », avec son capital génétique (et financier) et une appartenance dont il s’est tant vanté alors qu’il était encore Premier ministre français. C’est d’ailleurs l’idée du nom qu’il a choisi pour sa plateforme politique, « Barcelone capitale européenne ».
En Espagne, le quotidien national, El País, a fait ses gros titres sur la nouvelle, mercredi matin, affirmant que le candidat prévoit de freiner l’indépendantisme (forcément, il est européen) et rapportant que l’ancien ministre a revendiqué ses origines barcelonaises et « énuméré les problèmes de la ville pour essayer de montrer qu’il avait bien fait ses devoirs ».
Les Français, et particulièrement les habitants d’Evry, interrogés par différentes chaînes de télé, ne voient pas la décision de leur ancien maire d’un bon œil, jugeant « qu’il laisse tomber la France ». Les plus amènes disent qu’il a bien raison de « prendre la tangente ».
L’ancien chef du gouvernement, qui ne s’est jamais vraiment remis de sa défaite face à Benoît Hamon à la primaire de la gauche en 2017, pense couper la tête aux critiques sur son parachutage international en mettant en avant son expérience et souligne : « J’ai l’expérience d’avoir géré pendant de nombreuses années une ville de la périphérie de Paris, j’ai été ministre de l’Intérieur et j’ai gouverné la France ». C’est vrai que l’expérience compte et que les dirigeants ne sont soumis à aucune obligation de résultats.
On imagine bien que l’ancien Premier ministre avait prévu les critiques mais sans doute le dérangent-elles moins que l’intérêt que peuvent représenter la gloire et tout ce qui va avec, rapportés par une mairie comme Barcelone.
Et si jamais il n’était pas élu, l’Européen convaincu pourra toujours revenir… en France, puisque c’est l’Europe.