Il fallait attendre les résultats des législatives pour que le nouveau gouvernement soit… renouvelé. C’est normal, même si le qualificatif a déjà été utilisé précédemment. La composition du nouveau gouvernement a été dévoilée, mercredi 21 juin. Il comporte plus de femmes, en conformité avec ce qu’Emmanuel Macron avait annoncé pendant sa campagne. Il est tellement parfaitement paritaire avec 15 femmes et 15 hommes (Premier ministre inclus) que d’emblée, il inspire confiance. Jolie vitrine. Il va falloir bien sûr que le magasin tourne un peu pour voir s’il est à la hauteur des espérances.
Pour réaliser la nouvelle composition, une cascade de démission a eu lieu depuis lundi, au lendemain des législatives qui ont donné la majorité absolue à la République en marche, soit 308 députés. En comparaison, les 42 députés du groupe MoDem ne pèsent plus grand-chose, et pour faire voter les lois, le mouvement d’Emmanuel Macron n’a plus à s’embarrasser avec le parti centriste créé par François Bayrou en 2007.
Après Sylvie Goulard, François Bayrou et Marielle de Sarnez, piliers du MoDem, emportés par les soupçons d’emplois fictifs pesant sur leur parti, ne sont pas restés non plus. Le gouvernement se débarrasse ainsi d’un caillou dans sa chaussure, qui risquait de le faire boitiller après qu’il ait annoncé l’un des premiers chantiers engagés par l’exécutif : une loi sur la moralisation de la vie publique. Celle-ci devait justement être portée par le garde des Sceaux du moment… François Bayrou.
D’ailleurs, ce dernier ne donnait pas l’exemple qu’il préconisait pour les autres, comme par exemple la fois (mercredi 7 juin) où il a appelé un journaliste de Radio France pour se plaindre des méthodes utilisées dans l’enquête menée sur son parti. Il s’était alors fait recadrer par le Premier ministre : « Quand on est ministre, on ne peut plus réagir comme quand on est un simple citoyen » ; une réprimande à laquelle François Bayrou avait répondu : « Chaque fois qu’il y aura quelque chose à dire, je le dirai ».
Evidemment, ça ne pouvait pas le faire, un peu comme la grenouille qui voulait se faire plus grosse que le bœuf et qui a fini par éclater. Maintenant, comme nombre d’évincés, le chef du MoDem l’a en travers. Il y en a même qui disent que « Bayrou pense toujours que c’est lui qui devrait être à la place de Macron ». Déjà, il n’était pas content du trop peu d’investitures obtenues aux législatives pour ses candidats et estimait avoir été « trahi » alors que, selon lui, « c’est grâce au MoDem que Macron a été élu ».
Si les électeurs étaient inquiets pour le MoDem, qu’ils se rassurent, d’autres ont été nommés : Jacqueline Gourault, sénatrice MoDem, occupe un nouveau poste, celui de ministre auprès du ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb. Eh oui, dorénavant, ça existe. On trouvait que la France en avait déjà pas mal et souhaitait faire un tantinet d’économies de ce côté-là, mais voilà que maintenant, on fait des ministres de ministres. C’est vrai que le dernier gouvernement de François Hollande, dirigé par Bernard Cazeneuve, culminait à 38 ministres et secrétaires d’Etat.
La nomination pourrait ressembler à un prix de consolation pour la dame de 66 ans. Elle va lui faire quoi au ministre ? Le représenter, aller aux cocktails, aux inaugurations, cérémonies diverses, manger des petits fours… pendant que le vrai, lui, sera penché sans relâche sur ses dossiers… Probablement.
La seconde, députée des Landes depuis dimanche, Geneviève Darrieussecq, 61 ans, est nommée secrétaire d’Etat auprès du nouveau ministre des Armées, Florence Parly. Dans « secrétaire d’Etat », il y a « secrétaire », ce qui pourrait laisser penser qu’elle va étudier quelques dossiers pour épauler son ministre. Son véritable atout, c’est d’avoir été médecin allergologue pendant 25 ans. Ça va lui servir pour soigner les réactions boutonneuses. Il paraît qu’elle aussi tip top avec les affaires militaires puisqu’à Mont-de-Marsan, elle a cultivé une proximité avec une base aérienne cruciale, la BA-118, employant 3 000 militaires, dont environ 800 sont engagés en opérations extérieures, au Sahel et au Levant. Ça en jette.
En tout cas, dans un gouvernement dont la moyenne d’âge descend à moins de 51 ans avec huit trentenaires, les MoDem concourent à démontrer aux Français qu’on peut encore reculer l’âge de la retraite. Ils ne sont cependant pas les seuls à avoir franchi la soixantaine, comme Gérard Collomb (Intérieur), 70 ans ; Jacques Mézard (Cohésion des territoires), 69 ans ; Jean-Yves Le Drian (Europe et affaires étrangères), 69 ans ; Françoise Nyssen (Culture), 66 ans ; Muriel Pénicaud (Travail), 62 ans ; Nicolas Hulot (Transition écologique et solidaire), 62 ans ; Nicole Belloubet (Justice, garde des Sceaux), 62 ans.
La crise de jeunisme, c’est pas pour maintenant.
Jeudi matin avait lieu le premier conseil des ministres qui affichait la loi antiterroriste à son ordre du jour. Celle-ci est censée prendre le relais de l’état d’urgence après sa sixième prolongation.