Les Français viennent d’élire leur président. Ils en ont pris pour cinq ans. Certains l’ont fait par réelle conviction, d’autres, peut-être plus nombreux, par défaut. De toute façon, pour eux, il n’était pas question de voter Front national. En plus, il fallait que les chefs de files sauvent leur peau… comme des chauves-souris…
Maintenant que le cheval donné gagnant dès le départ de la course s’est retrouvé en haut du podium, le monde politique français s’agite pour avoir une place à la cour… une place si ce n’est la meilleure.
Les époques changent mais les mœurs pas vraiment. Ici bas, sur Terre, on imagine l’Olympe et ses entremets, non pas les desserts et autres tartes qui y sont servis mais les multitudes de ficelles qui sont tirées pour pouvoir atteindre ZE but, celui qui fera s’asseoir à côté du président… si près qu’on sentira son parfum, frôlera son costume et mangera à sa table des plats raffinés, dans les mêmes assiettes à liseré d’or.
Les politiques jouent des coudes et courtisent leur nouvelle étoile pour recueillir un poste de ministre par ci, de secrétaire d’Etat par là… Il y en a même qui disent qu’on peut être de plusieurs partis politiques en même temps. Ça s’appelle se raccrocher aux branches, enfin si branches il y a. L’ancien Premier ministre, Manuel Valls, est en train de faire l’expérience que sa tactique n’est peut-être pas la bonne. Lui, il voulait être le candidat d’En Marche aux élections législatives. Il a vu les choses de sa fenêtre et pensait que c’était possible puisque la droite comme la gauche a voté pour Macron.
Cependant, Jean-Paul Delevoye, président de la commission nationale d’investiture du mouvement, a un petit peu renvoyé l’ancien ministre (entre anciens ministres – Macron / Valls – on ne se fait finalement pas forcément de cadeaux) dans ses buts et a annoncé qu’ils avaient « déjà prévu une candidate sur la circonscription ». Il paraîtrait même que Christophe Castaner, le porte-parole de La République en marche, aurait annoncé qu’il n’y aura pas de privilège accordé à Manuel Valls.
Pourtant, ce dernier avait bien pris soin de préciser que le Parti socialiste était mort et qu’il était « derrière nous ». En tout cas, on ne peut pas dire qu’il n’essaye pas de faire faire des économies à la France… maintenant, tournant et retournant la veste de son costume. D’ailleurs, il est loin d’être le seul, pendant qu’Emmanuel Macron place ses candidats aux législatives et se penche sur l’échiquier pour former son gouvernement. Les Républicains, les Front de gauche, les divers gauche, les centristes et les autres… Tous les « appartenants » ont-ils toujours une voie ? Autoroute, route départementale, chemin vicinal ou sentier à dégager à la machette…
« Je suis oiseau ;
voyez mes ailes »
La fourmilière s’agite pour nourrir la reine et lui plaire, quitte à changer de peau. La transformation n’a pas l’air douloureuse et permettrait peut-être de sauver sa peau, comme dans la fable « La chauve-souris et les deux belettes », de La Fontaine (forcément). Celle-ci raconte l’histoire d’une chauve-souris qui arrive direct dans un nid de belette. Evidemment, la belette veut manger l’intruse qui porte « souris » dans son nom. Celle-ci allonge alors ses ailes pour montrer à la belette qu’elle n’a rien à voir avec une souris mais est en fait un oiseau. Convaincue, la belette la laisse partir. Cependant, deux jours plus tard, la chauve-souris remet ça dans le nid d’une autre belette qui, pensant que c’est un oiseau, s’apprête à la croquer. L’autre, cherchant à sauver sa peau, lui montre alors ses poils et met bien en évidence le fait qu’elle n’a pas de plumes. La seconde belette se laisse convaincre et la laisse repartir.
Vraiment intemporel notre La Fontaine qui observait les micmacs de son époque. Franchement, le siècle, celui des lumières, éclaire toujours. Et on a nos chauves-souris bien à nous.