Sacrée pub pour l’appli Periscope ! Samedi 20 février en soirée, un détenu de la prison de Béziers (Hérault) s’est filmé dans sa cellule en train de rouler un joint et a diffusé la vidéo en direct avec l’application Periscope sur laquelle il venait de s’inscrire.
Tout à son petit jeu, le détenu, Luciano de son pseudo, invitait même sur certains posts les « extérieurs » à venir à une « soirée prison ». L’humour n’a pas fait rire les autorités qui ont extrait le détenu de sa cellule et l’ont placé en garde à vue.
Pas la peine de chercher la vidéo sur Periscope, elle a été retirée et le compte Twitter du détenu en question n’y donne plus accès non plus.
L’information a été révélée par le Midi-Libre. Aussitôt après, une enquête a été ouverte par le parquet.
Les frasques du week-end à la prison de Béziers soulèvent évidemment un problème plus grave qu’une simple blague. D’abord, les smartphones feraient partie du monde carcéral alors qu’ils sont censés y être interdits. La drogue aussi est interdite (et pas qu’en prison) et pourtant, Luciano racontait dans sa vidéo comment il « peut tout avoir », comparant la prison à « un petit club med » et répondant aux questions des internautes : « J’ai la chaîne hifi, une X-Box, du Coca… Hier, j’avais même de l’alcool… »
Evidemment, l’unique possibilité de fouilles aléatoires que peuvent pratiquer les gardiens sur les détenus n’est pas étrangère à la facilité avec laquelle toutes sortes de choses sont introduites dans les prisons et Béziers n’est pas un cas isolé. Partout, y compris en région parisienne jusqu’à Meaux-Chauconin, les parloirs sont des lieux d’échange et pas que de paroles… Et quand les objets aussi divers que téléphones portables, couteaux, alcools, stupéfiants ne passent pas par le parloir, ils sont projetés par-dessus les murs d’enceinte des prisons par familles ou amis. Les agents pénitentiaires et les syndicats le confirment régulièrement.
Luciano n’est pas un enfant de cœur et purge une peine de quatre ans pour « vol aggravé », une qualification qui peut laisser tout imaginer. Outre l’objet même du vol, le détenu a pu être violent, frapper une ou des victimes, les séquestrer, avoir utilisé des armes, l’avoir commis avec d’autres personnes…
En ce qui concerne l’usage du portable dans la prison, Luciano n’en est pas à son coup d’essai puisqu’en janvier, il avait déjà reçu une sanction administrative après la découverte de trois smartphones dans sa cellule.
En troisième position quant aux problèmes soulevés par l’affaire Luciano, arrive le streaming en direct. L’application Periscope, rachetée par Twitter et lancée en mars 2015, a déjà causé des soucis : tout peut y être diffusé sans contrôle. Par ailleurs, des événements comme des matches de boxe ont été filmés et diffusés en direct par le public, soufflant l’exclusivité aux médias qui avaient payé quelques millions de dollars (ça se passe aux Etats Unis) aux organisateurs afin, justement de s’assurer les droits de diffusion.
Le seul point qui pourrait encore freiner l’expansion de l’appli, les bugs et disfonctionnements que les internautes déplorent : l’image se bloque, certains messages n’apparaissent pas, décalage entre le son et l’image…