Les présidents des départements de la Seine-et-Marne, des Yvelines, de l’Essonne, des Hauts-de-Seine, de Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne et du Val-d’Oise, ainsi que la présidente de la région Ile-de-France, ont voté contre le budget modificatif de la Société du Grand Paris présenté au conseil de surveillance du 22 mars 2018.
Par ce vote, les élus du conseil de surveillance ont marqué leur désapprobation à l’encontre de la désinvolture choquante avec laquelle le Gouvernement instrumentalise la Société du Grand Paris pour masquer le non-respect de ses engagements.
Ce conseil de surveillance, le premier faisant suite à l’annonce d’un rééchelonnement majeur du calendrier du Grand Paris Express, aurait dû être le cadre d’un débat sincère sur les décisions prises par le gouvernement, dont l’impact sur les territoires d’Ile-de-France et les habitants sera considérable : retard de plusieurs années de lignes indispensables au désenclavement de la banlieue, ralentissement de nombreux projets d’aménagement urbain, surcharge intolérable des infrastructures existantes.
Le ministre des transports annonçait elle-même, dans un courrier du 30 janvier 2018, aux élus franciliens que les décisions du gouvernement seraient « présentées lors d’un conseil de surveillance de la Société du Grand Paris qui se tiendra durant le mois de mars ».
Les élus du conseil de surveillance regrettent que l’Etat n’ait, à nouveau, pas tenu parole : le conseil de surveillance n’a été saisi d’aucune question stratégique, et n’a pas été appelé à valider les directives données à la Société du Grand Paris par le gouvernement.
Il s’agit d’une nouvelle négation, particulièrement grave au vu de la portée des décisions en jeu, des dispositions réglementaires des statuts de la Société du Grand Paris, que l’Etat a lui-même instaurées mais dont il s’affranchit sans gêne lorsque cela l’arrange.
Le conseil de surveillance n’a été invité qu’à approuver une décision budgétaire modificative visant à tirer les conséquences des décisions du gouvernement, en ne disposant que d’informations scandaleusement lacunaires, au mépris des obligations faites à tout opérateur de l’Etat de justifier ses dépenses prévisionnelles au premier euro.
Neuf pages pour justifier l’inscription de 2,8 milliards d’euros supplémentaires au budget de la SGP, trois lignes pour expliquer l’augmentation d’un milliard d’euros du budget de la ligne 15 sud c’est très insuffisant et cela interroge. Ne dit-on pas que quand c’est flou il y a un loup ? Nous souhaitons que ce flou soit dissipé.
Aucune explication n’a été fournie quant à la manière dont la SGP poursuivra les études et travaux préparatoires qui restent indispensables aux lignes différées (15 est et ouest, 16 est, 17 nord, 18), ce qui laisse craindre l’annonce d’un nouveau report d’ici quelques mois ou quelques années.
Aucune explication, non plus, sur les conséquences de la mesure d’économie de 10 % sur le coût total du projet, que le Premier ministre a pourtant annoncée.
Les élus du conseil de surveillance demandent donc que l’Etat s’applique enfin à lui-même les réglementations qu’il a édictées et qu’à ce titre, le conseil de surveillance soit invité à débattre, d’abord des orientations stratégiques de la Société du Grand Paris, puis d’un budget présenté de manière exhaustive et transparente.
C’est désormais le seul moyen de rétablir une confiance rompue par l’attitude choquante de l’Etat vis-à-vis des élus et des populations qu’ils représentent.