Pendant le premier confinement, la priorité a été donnée aux malades du Covid-19. Pour les autres patients, les opérations ont été reportées, les consultations annulées… Les mutuelles santé ont alors économisé plus de 779 millions d’euros en pleine crise sanitaire. L’information passe mal auprès des Français, qui n’ont pas bénéficié des économies et craignent que la future taxe Covid ne se répercute sur leurs futures cotisations de mutuelle. Comment les mutuelles santé pourraient-elles prendre en charge les dépenses liées au coronavirus ? La question a été posée dans un sondage* et les résultats sont sans appel : les Français attendent un coup de pouce de leur mutuelle pendant la pandémie.
Gestes barrières et tests : une meilleure prise en charge
Remboursement des masques
Difficiles à trouver au début de la pandémie, obligatoires dans les lieux publics, puis dans la rue et désormais dans les écoles dès l’âge de 6 ans, les masques sont au cœur des préoccupations des Français depuis près d’un an. Mais s’équiper en masques coûte cher, c’est pourquoi 77% des personnes interrogées souhaitent leur remboursement, principalement des masques jetables (63%, contre 37% pour les masques lavables).
Remboursement généralisé du gel hydroalcoolique
Personne ne sort plus sans son flacon de gel hydroalcoolique ! 42% des Français voudraient d’ailleurs qu’il soit remboursé par les mutuelles. C’est déjà le cas pour certaines mutuelles qui proposent le remboursement de produits pharmaceutiques non pris en charge par l’assurance maladie. Cependant, cette option, présente dans les mutuelles les plus chères, gagnerait à être étendue à tous les contrats.
Tests prioritaires
L’attente peut être longue pour passer un test Covid, plus encore pour recevoir les résultats. Un temps pendant lequel les cas contacts et personnes simplement enrhumées sont obligées de s’isoler, même s’ils ne sont finalement pas contaminés. Pour diminuer cette attente, les mutuelles pourraient établir un partenariat avec les laboratoires d’analyse pour faire bénéficier à leurs adhérents de tests plus rapides. 81% de la population plébiscitent cette idée, d’autant plus que les tests classiques restent indispensables, même avec l’arrivée progressive en France du test antigénique remboursé par la sécurité sociale.
Mutuelle et arrêts de travail
Prise en charge des travailleurs malades
Les malades du coronavirus doivent s’isoler, ce qui implique un arrêt de travail pour les personnes contaminées, mais aussi pour les cas contacts. Le gouvernement a supprimé le délai de carence concernant les arrêts maladie liés au Covid-19, mais les indemnités perçues ne couvrent pas la totalité du salaire. Pour combler la perte de salaire qui en découle, 68% des sondés apprécieraient le versement d’indemnités par les mutuelles en cas d’arrêt maladie.
Les parents atteints du coronavirus peuvent avoir des difficultés à s’occuper de leurs enfants à cause de la fatigue, de la fièvre ou tout simplement de la nécessité de s’isoler. Dans ce cas, comment gérer les devoirs des enfants en âge d’être scolarisés ? La moitié des personnes interrogées (51%) proposent une prise en charge de l’aide aux devoirs pour les enfants dont les parents sont infectés par le Covid-19.
Covid-19 et activité partielle
Pendant le premier confinement, le monde du travail était à l’arrêt. Le deuxième confinement voit encore de nombreux secteurs sinistrés (tourisme, commerces, services, culture…). Le chômage partiel n’est pas toujours suffisant pour garder un pouvoir d’achat convenable, surtout avec l’approche de Noël. Plus de 4 personnes sur 10 (42%) aimeraient que les mutuelles versent des indemnités à leurs adhérents en chômage partiel.
Ils sont plus nombreux (66%) à envisager la prise en charge par les complémentaires santé des enfants dont les classes sont fermées. En effet, une classe fermée pour cas de coronavirus oblige la plupart des parents à poser des jours ou être mis en activité partielle pour s’occuper de ses enfants.
Soutien des mutuelles aux personnes fragiles
Accompagnement des seniors isolés
Les personnes âgées sont très touchées par la pandémie, et leur vulnérabilité a été d’autant plus exacerbée par la solitude ressentie lors du premier confinement par les pensionnaires des Ehpad isolés et par les seniors confinés seuls à domicile. Pour le deuxième confinement, les visites aux personnes âgées sont possibles, mais la peur de leur transmettre la maladie est présente, comme nous l’explique la psychologue clinicienne Morgane Daime : « La peur de leurs décès pourrait être accentuée par la responsabilité que chacun pourrait y avoir. »
Pour permettre un accompagnement en toute sérénité des plus âgés d’entre nous, plus de ¾ des personnes interrogées (78%) plébiscitent des visites à domicile pour les plus de 65, et presque autant (72%) approuvent le portage des courses pris en charge par les assurances santé. Ces garanties d’assistance sont bien connues des mutuelles, qui les proposent déjà à leurs adhérents hospitalisés.
Être un enfant pendant une pandémie mondiale
Nos enfants sont moins touchés par la Covid-19, mais leur quotidien est tout de même chamboulé par la pandémie : école à la maison pendant plus de 2 mois, informations anxiogènes dans les médias, gestes à barrière, port du masque dès le CP… Selon Morgane Daime, il est trop tôt pour connaitre l’impact réel qu’aura la crise sanitaire sur le développement des enfants. Pourtant, les conditions de l’enseignement depuis mars 2019 peuvent fragiliser encore plus les élèves en difficulté scolaire. C’est pourquoi 44% des Français aimeraient que les mutuelles mettent en place une aide pédagogique pour les enfants qui ont pris du retard dans les apprentissages à cause du 1er confinement.
Pendant ce nouveau confinement, les écoles restent ouvertes. C’est par contre le port du masque généralisé qui peut créer des difficultés : « à l’école, dans les commerces, dans la rue, tout le monde est masqué. Les enfants n’ont plus connaissance que du visage de leurs parents ou accompagnants. Les interrogations liées aux apprentissages scolaires, de la lecture et des sons, […]et du rapport à l’autre chez l’enfant notamment sont à soulever », nous expose la psychologue interrogée.
Suivi psychologique
Le suivi psychologique en temps de Covid-19 pose d’ailleurs question. D’après Morgane Daime, « l’accès aux soins [psychologiques et psychiatriques] est de plus en plus difficile, une difficulté renforcée par l’impossibilité d’être reçu en cas de contamination ou de cas contact. » Les listes d’attente pour consulter s’allongent, alors même que de nombreuses personnes vivent mal le confinement et les incertitudes concernant l’avenir (chômage massif, absence de visibilité sur les mois à venir, crainte de tomber malade…). Morgane Daime évoque l’inquiétude que nous ressentons pour nos proches les plus âgés. À la peur de les perdre s’ajoute le fait que « s’inquiéter pour les personnes âgées c’est aussi s’inquiéter pour nous-même. Cette projection pourrait mettre en exergue l’angoisse de mort, notre propre fin de vie. »
Face à ces angoisses et à l’impossibilité de consulter un psychologue quand on est contaminé, 67% des Français interrogés approuvent une prise en charge psychologique téléphonique gratuite pour les malades du coronavirus. Cette initiative serait facile à mettre en place car de nombreuses mutuelles offrent déjà ce service dans le cadre d’autres pathologies.
Si l’intervention des mutuelles dans le domaine psychologique est largement approuvée, les personnes interrogées sont par contre moins unanimes sur le remboursement d’un entretien avec un diététicien pour perdre le poids gagné pendant le premier confinement (16%).
Quelles seront les actions des mutuelles pour la population touchée de plein fouet par la crise sanitaire et sociale ? Aucun doute qu’une meilleure prise en charge des conséquences de la Covid-19, qu’on soit malade ou non, serait appréciée par les 9 Français sur 10 qui possèdent une complémentaire santé.
* Enquête menée par MutuelleSante.fr sur un panel de 1 253 Français (52% d’hommes et 48% de femmes) du 7 au 12 octobre 2020.