Parasite ► Les punaises de lit en recrudescence : elles se glissent dans les maisons, les transports, les universités…

 

Les punaises de lit sont en recrudescence et l’impact sanitaire que les parasites représentent est largement sous-estimé. Alors qu’ils avaient quasiment disparu depuis les années 1950, on les retrouve maintenant partout : maisons, transports, universités, hôpitaux… La députée Cathy Racon-Bouzon vient de remettre un rapport à la ministre du Logement sur le sujet. 

Il s’agit de santé publique et d’un problème insuffisamment pris en compte. Face à la recrudescence des punaises de lit, la députée LREM des Bouches-du-Rhône, Cathy Racon-Bouzon, vient de remettre son rapport à Emmanuelle Wargon, ministre du Logement, un état des lieux sur le phénomène.

 

 

En février dernier, le gouvernement avait lancé un plan contre les punaises de lit, ces insectes qui se développent à la vitesse grand V : une femelle peut en effet pondre entre 200 et 500 œufs dans sa vie à un rythme de cinq à quinze par jour. Le gouvernement avait d’abord lancé une campagne d’information, avec un numéro de téléphone (0 806 706 806) et un site (stop-punaises.gouv.fr ) dédiés.

Le phénomène n’est pas réservé à la France. Beaucoup d’autres pays sont touchés, comme les États-Unis et le Canada qui ont mis en place des actions publiques depuis plusieurs années. Sans doute peut-on l’expliquer par l’évolution de nos modes de vie. Par les achats de seconde main, de vêtements par exemple, sur Internet, qui constituent des vecteurs de transmission. Par nos vies de plus en plus nomades. On peut en ramener de voyages.

La ville d’Aix-en-Provence, par exemple, a été l’une des premières en France à être touchée. Or, il semblerait que ce sont des festivaliers new-yorkais, venus assister au festival d’art lyrique, qui auraient amené avec eux des punaises, les transmettant dans les hôtels où les insectes ont ensuite été véhiculés par d’autres clients et par les femmes de chambre. Personne n’est à l’abri. Aucun milieu social n’est épargné.

La députée chargée du dossier explique : « En France, il y a une vraie difficulté de prise en charge de la punaise de lit. Elle passe à travers tous les radars. Il n’y a pas de phénomène de surveillance de ce fléau, qui n’est pas mesuré comme d’autres sujets. Donc, on a du mal à connaître l’ampleur du phénomène de manière précise et fiable. Le constat qu’on fait, c’est une recrudescence de témoignages convergents. Par exemple, les professionnels de l’éradication font état de 200.000 interventions en 2017 et 540.000 en 2019 ! Le sujet est particulièrement fort à Marseille, là où les occurrences Google sur l’éradication sont les plus fréquentes… Le problème, c’est que tout le monde ne va pas dans le même sens. Tout se fait de manière un peu spontanée, chacun dans son coin. Les professionnels de l’éradication sont des gens qui étaient spécialisés dans la dératisation par exemple et qui, voyant qu’un besoin se crée, rajoutent une corde à leur arc. Il n’y a pas de formation au fond pour cela ou de certification. Ce qui fait qu’aujourd’hui, il y a dans la filière des gens très bien comme d’autres moins bien, des arnaques comme des gens qui pensent sincèrement bien faire ! D’un autre côté, la connaissance scientifique sur les punaises de lit se trouve entre les mains des médecins spécialistes. Et il y a une absence de coordination globale par les pouvoirs publics entre les deux. Chacun développe ses méthodes dans son coin. Il faudrait au contraire créer une doctrine d’intervention nationale validée par l’Etat, une sorte de religion, un protocole sur lequel tout le monde s’entend. Cet organe permettrait de réunir autour de la table tous les acteurs, au lieu d’avoir chacun dans son couloir ceux qui font des recherches scientifiques sur ces petites bêtes, ceux qui fabriquent les produits et ceux qui éradiquent ! »

Les professionnels de l’éradication indiquent qu’ils avaient effectué 200 000 interventions en France, en 2017. L’an passé, leur nombre d’interventions est passé à 540 000. Il y a vraiment péril en la demeure. Tous les secteurs sont concernés : les logements particuliers et collectifs, l’hôtellerie, les locations de tourisme, les hébergements d’urgence, les salles de spectacle, les transports…

Comment lutter contre les intrues

La députée indique : « Nous avons pris du retard dans la prise de conscience du phénomène de santé publique que représentent les punaises de lit. Et il y a un manque de coordination entre les entomologistes qui connaissent ces insectes et les professionnels de l’éradication qui se sont structurés eux-mêmes pour faire face aux demandes. L’information sur les punaises doit donc mieux circuler, y compris auprès des professionnels de santé (médecins, pharmaciens…) qui doivent être mieux formés pour reconnaître des piqûres de punaises, auprès des travailleurs sociaux… Si on diagnostique très tôt qu’une personne a été piquée par une punaise, cette dernière peut en venir à bout seule. »

Il est possible de venir à bout des bestioles en chauffant à au moins 60 °C ou en refroidissant. Avec un appareil, on peut passer à la vapeur les matelas, les plinthes, les vêtements, ou pouvoir installer de grands congélateurs, dans des cités étudiantes par exemple, pour y placer divers matériels infectés. « Il faut aussi des moyens de financement pour accompagner les foyers les plus modestes à faire face aux coûts d’éradication. J’ai rendu mon rapport au ministère du Logement, mais le sujet est plus vaste. Ce qu’il faudrait, désormais, c’est un plan d’action global auquel participe aussi le ministère de la Santé » souligne encore Cathy Racon-Bouzon.