Chaos social, KO alcoolique et une grande virée en Russie et au Japon : on ouvre les yeux sur le monde qui bouge… Il y a une vraie profondeur d’âme dans les quatre romans qui plongent dans le caractère humain pas toujours propre ni enjoué.
« Etat d’ivresse » de Denis Michelis
Peut-on vraiment échapper à son destin ? Dans le récit concis à souhait on entre dans l’univers d’une femme alcoolique avec une brisure qui ne permet pas de se reconstruire et de recoller les morceaux d’une vie qui s’effrite. Une sorte d’errance mentale parfaitement décrite avec le décalage permanent et la réalité qui creuse encore plus le sillon.
Le mécanisme qui soutient l’édifice chancelant est articulé comme un équilibre fragile perturbé par la chute incessante. C’est dur mais pur dans l’avancée qui prend aux tripes dans une bulle qui flotte dans l’air et retombe sans pouvoir prendre d’altitude. Les thèmes de l’enfermement et de la violence luttent contre l’infime désir de reprendre sa vie en main.
Editions Noir sur Blanc, Denis Michelis, 140 pages, 14 euros, parution le 3 janvier.
« Un tramway long comme la vie »
de Vladimir Maramzine
de Vladimir Maramzine
Voici une invitation au voyage en plein cœur de la Russie et des petites choses étirées dans les nouvelles vivantes au style marqué par un brin d’ironie et un zest d’absurde dans la plus pure tradition de la littérature du XXe siècle.
Le recueil surprend par la fluidité et l’atmosphère qui sent le vécu, la misère, la soumission mais aussi la débrouillardise d’un peuple qui continue de marcher droit avec sa fierté dans un monde particulier de l’après-guerre en URSS.
Editions Noir sur Blanc, Vladimir Maramzine, 156 pages, 16 euros, parution le 3 janvier.
« Ces femmes-là » de Gérard Mordillat
L’auteur, fort d’une trentaine d’ouvrages parmi lesquels Vive la sociale, se lance dans une multitude de destins individuels avec toute une liste de personnages répertoriés à la fin du livre pour ne pas se perdre dans la manifestation où se rassemble tout le panel du genre humain.
Des petits paragraphes concis permet au lecteur de se glisser dans la peau des gens dans la fresque épique, politique certes mais avant tout humaine. L’écriture glisse en s’amusant avec le fil conducteur de la vie.
Chez Albin Michel, Gérard Mordillat, 373 pages, 21,50 euros, parution le 3 janvier.
« Jiazoku » de Maëlle Lefèvre
Maëlle Lefèbre explore de bien belle manière dans un premier roman la nature parfois fort complexe du lien qui unit l’enfant à ses parents. C’est une plongée dans le quartier le plus dangereux de Tokyo, une sorte de panier de crabes avec un vaste réseau de mères porteuses vouées à approvisionner de riches chinois en mal d’enfants. Kei entreprend de partir pour Shanghaï pour rechercher ses géniteurs dans le roman très exotique mais fort prenant.
Editions Albin Michel, Maëlle Lefèvre, 350 pages, 20 euros, parution le 3 janvier.