Comment sortir de la normalité, plonger dans son passé, reconstituer un puzzle angoissant ? Il suffit de tourner les pages… Voici trois livres différents, trois romans d’une vie qui fuit et que l’on tente de retenir en voulant détacher les amarres et retenir le bateau que l’on veut finalement retenir.
« Lucie Lumière » de Gérard Georges
Parfois des enfants sortent du sillon de la normalité bien tracée. C’est le cas de la petite Lucie, qui, du haut de ses 12 ans est un rayon de lumière dans une famille plan-plan et paisible de cultivateurs auvergnats. Adoptée de l’Assistance publique, pas vraiment aimée mais simplement tolérée, Lucie traverse la vie avec un plein d’insouciance en cette période yéyé. La liberté est le vent de sa vitalité. Elle a une révélation : elle veut être écrivain. Une chronique savoureuse de la campagne qui s’éveille à la découverte et à la douce folie qui bascule les habitudes un peu trop bien implantées.
Lucie Lumière, Gérard Georges, 300 pages, 20 euros, paru le 15 septembre, Presses de la Cité.
« Heimaey » de Ian Manook
Ian Manook, après sa trilogie à succès et son inoubliable Mongolie puis le Brésil moite et étouffant, change le cap de sa boussole en mettant tout droit sur l’Islande. Il a le chic pour dépeindre les paysages ce diable d’homme qui possède en supplément dans son sac de voyage le véritable art du suspense. Là, il veut renouer des liens avec sa fille mais dès leur arrivée à l’aéroport, tout s’enraille. Plutôt s’enchaîne jusqu’à la disparition de Rebecca. Le roman commence et Jacques doit se replonger dans son passé sur la même contrée pour dénouer les fils du trip initiatique très angoissant mais ficelé comme un rosbeef un soir de fête. L’heure n’est pourtant pas à la dégustation mais à l’angoisse. Et là, vous allez être vernis en découvrant les charmes de la beauté islandaise.
Heimaey, Ian Manook, 461 pages, 22 euros, paru le 4 octobre, Albin Michel.
« La petite fille du phare » de Christophe Ferré
Cap sur la Bretagne à Ploumanac’h ou le granit rose va changer de couleur avec la disparition de Gaëla gardée le temps d’une soirée par son grand frère. Mais au retour des parents, l’angoisse va monter d’un seul coup avec le berceau vide . Pas de rançon, une angoisse au zénith et et l’enfer qui commence pour les parents.
Un thriller (presque) insoutenable mais monté comme une pièce montée pour atteindre les figurines posées avec aplomb. Mais là c’est un véritable puzzle qu’il faut reconstituer dans l’incompréhension mutuelle. Du grand polar qui se marie avec la description d’une Bretagne qui se prête à l’intrigue.
La petite fille du phare, Christophe Ferré, 448 pages, 22 euros, paru le 3 octobre, L’Archipel.