Forêts domaniales ► Entre promenades et exploitation

En 2017, la direction territoriale Seine-Nord de l’Office national des forêts met en place une nouvelle stratégie de gestion pour les forêts domaniales franciliennes. Son objectif ? Amplifier  la prise en compte de l’enjeu sociétal des forêts en répondant  aux attentes de la population.

Vers la fin des coupes rases en Ile-de-France

Les forêts domaniales franciliennes sont des espaces privilégiés où chacun peut se promener, circuler à vélo, à cheval, découvrir un patrimoine culturel précieux et profiter de la nature. Elles sont également un lieu d’exploitation. Produire et récolter du bois est un acte de gestion sylvicole visant trois finalités majeures :

  • assurer le renouvellement de la forêt et pérenniser sa diversité,
  • approvisionner la filière bois et sécuriser les emplois,
  • stocker du  carbone  et  garantir  à  la  société  l’utilisation  d’un matériau et d’une source d’énergie renouvelables en circuit court.

Les coupes d’arbres effectuées en forêt domaniale ne sont pas le fruit du hasard : elles sont inscrites dans une feuille de route prévue sur vingt ans, appelée « aménagement forestier » et approuvé par arrêté ministériel.

Les coupes  rases s’inscrivent dans un cycle de régénération  des forêts. Néanmoins, elles modifient fortement les paysages puisque tous les arbres d’une parcelle sont coupés au même moment. Elles peuvent bouleverser les habitudes des visiteurs et des riverains.

Durant  les sept prochaines  années, l’ONF prévoit de mettre fin  aux coupes rases afin  de maintenir  dans les cinquante  forêts domaniales d’Ile-de-France un couvert boisé permanent et éviter les changements trop brusques du paysage.

La sylviculture, dite irrégulière, sera au service de cet objectif. Elle permettra aussi de poursuivre l’exploitation raisonnée des forêts.

Une meilleure maîtrise des exploitations forestières

Traditionnellement, l’ONF vend le bois « sur pied » aux exploitants lors de ventes publiques. Ces derniers deviennent propriétaires des arbres. Ils assurent la coupe et l’évacuation des bois dans un délai maximum de deux ans. Cette pratique ne permet pas la maîtrise fine des dates de coupes et des conditions d’exploitations. Dans ce contexte,  il est difficile d’informer les populations.

Depuis 2010, l’ONF organise la commercialisation des bois sous forme de bois façonné. Ce mode d’exploitation permet à l’Office de maîtriser le calendrier d’exécution du chantier, la remise en état des lieux, l’évacuation des bois. L’ONF est responsable directement des délais et de la qualité des exploitations.

L’ONF prévoit d’étendre cette pratique de bois façonné à toutes les forêts domaniales d’Ile-de-France. Ainsi, l’Office pourra informer en amont les élus, les habitants et les visiteurs.

Une nouvelle  gouvernance participative des forêts

Aujourd’hui, en Ile-de-France, se tiennent régulièrement 15 comités de forêts réunissant les élus et les associations avec lesquels l’ONF partage les données de la  gestion  forestière.  Ces instances  sont  essentielles  pour l’ONF  afin d’entendre les attentes des différentes parties prenantes de ces forêts.

C’est pourquoi, l’ONF prévoit d’étendre les comités de forêts à l’ensemble des forêts domaniales d’Ile-de-France. Plus participatifs,  ces comités s’organiseront autour d’ateliers définis  avec les acteurs du territoire : élus, associations, administrations territoriales, offices du tourisme.

L’expérimentation en forêt de Sénart (Essonne)

La forêt domaniale  de Sénart est située à 25 kilomètres  au sud de Paris. Dans cet espace boisé périurbain  où le public vient en grand nombre, l’ONF a expérimenté la nouvelle stratégie de gestion des forêts domaniales franciliennes.

Avec une surface de plus de 3 200  hectares, la forêt domaniale de Sénart se situe au cœur du tissu urbain.  A cheval sur les départements de Seine-et-Marne et de l’Essonne, l’espace boisé accueille chaque année près de 3 millions de visites. Des personnes venues pour la plupart des communes voisines et attachées au paysage forestier situé à deux pas de chez eux.

Une gestion forestière adaptée

En 2012, les équipes locales de l’ONF font un constat unanime, partagé par près de 600 partenaires territoriaux, associations et élus d’Ile-de-France : les riverains n’acceptent plus les coupes de « régénération en plein », ces coupes dites « rases » où la totalité des arbres d’une parcelle d’exploitation forestière sont prélevés.

Afin de préserver ces paysages appréciés du public, l’ONF a donc révisé son plan d’aménagement forestier. Un mode de sylviculture dit en « futaie irrégulière » a été adopté en 2012. Il permet de maintenir des arbres de tous âges sur l’ensemble des parcelles de cette forêt domaniale. Une technique de production et de récolte de bois progressive, jugée plus acceptable par nos concitoyens.

Ce type de sylviculture sera donc progressivement étendu aux forêts domaniales d’Ile-de-France. Dans d’autres territoires, aux attentes sociétales différentes, d’autres techniques sylvicoles seront privilégiées.