Jusqu’à demain, c’est la semaine du sans-gluten. Les produits sans gluten fleurissent dans les supermarchés depuis quelques années. Des consommateurs bannissent de leur alimentation l’ensemble de protéines que l’on trouve dans certaines céréales comme le blé, l’épeautre ou l’avoine. Même des stars, comme le tennisman Novak Djokovic ou la chanteuse Lady Gaga, défendent les régimes sans gluten.
Le régime sans gluten a-t-il prouvé ses bénéfices pour les personnes atteintes de la maladie de cœliaque ou pour les personnes hypersensibles au gluten ou au syndrome du côlon irritable ?
C’est « un mode de vie », selon le professeur Christophe Cellier. Un effet de mode aussi. Peut-on craindre de l’extension du régime sans gluten pour tous de mauvaises conséquences quant à la santé ?
Cinq millions de Français mangent sans gluten. Le régime sans gluten a la cote.
Les gens qui doivent enlever le gluten de leur alimentation sont rarissimes. Seulement 1% de la population serait « légitime » pour adopter le sans-gluten. Il serait pour les scientifiques « hors de question de supprimer le gluten chez le tout-venant. Des gens qui n’ont aucune traduction de maladies auto-immunes et chez qui on a fait la preuve qu’il n’y a rien ont des sensibilités variables et il s’agira de doser mais pas de supprimer ».
En mai, dans une étude parue dans le British medical journal, des universitaires d’Harvard et de Columbia pointent les effets pervers de la mode du sans gluten.
Une étude de 60 millions de consommateurs parue en 2016 rappelle que se priver de gluten revient à se priver des protéines végétales qu’il contient. En étudiant les étiquettes des produits gluten-free, l’association a également mis en avant qu’ils n’étaient pas forcément plus sains. En effet , pour recréer l’élasticité permise naturellement par le gluten, les industriels utilisent nombre d’additifs : pas moins de cinq pour une pâte à tarte brisée sans gluten, quand la pâte classique testée n’en contenait aucun.
L’intolérance au gluten est une maladie. « Ces produits ont été inventés pour les personnes malades, pas à destination du grand public », réagit Brigitte Jolivet, présidente de l’association française des intolérants au gluten (AFDIAG). Elle rappelle que l’intolérance au gluten est une maladie auto-immune qui doit être diagnostiquée, et donne lieu à un régime strict à vie. « Ce n’est pas parce qu’on a mal au ventre en mangeant du gluten que l’on est intolérant », souligne-t-elle.
Pourtant, nombre de « malade du gluten » ont bien droit à un coin de pré. C’est quand même un peu rapidement raccourci que de ne pas donner de solution aux consommateurs qui ont « mal au ventre », constatent une amélioration en supprimant le gluten et qui malgré tout ne sont pas considérés comme intolérants… Pas un peu intolérante l’association et les médecins supposés diagnostiquer ?
D’accord, tous les maux de ventre ne sont pas dus au gluten, mais pour aller mieux, ça ne vaut quand même pas le coup d’essayer ? Et si ça va mieux, n’est-ce pas que c’était la solution ?
A force d’être malades du gluten mais sans solution, vu qu’ils ne sont pas considérés comme « intolérants » mais peut-être dans une sorte d’entre-deux », des consommateurs un peu perdus ne pourraient-ils pas se sentir coupables de ne pas être intolérants ?
Ça ne laisse pas beaucoup de place à la tolérance tout ça…