Le gouvernement a autorisé l’abattage de 40 loups jusqu’à fin juin 2018, un nombre égal à la période précédente, tout en annonçant vouloir réévaluer l’efficacité de ces mesures sur la protection des troupeaux, critiquées par les ONG.
Le gouvernement a autorisé l’abattage de 40 loups jusqu’à fin juin 2018, un nombre égal à la période précédente, tout en annonçant vouloir réévaluer l’efficacité de ces mesures sur la protection des troupeaux, critiquées par les ONG.
Un nouveau plan pluriannuel de gestion du loup (2018-2022) a été promis pour janvier prochain, alors que depuis des années les pouvoirs publics échouent à concilier les demandes des éleveurs et les attentes des associations pro-loup.
« Dans la perspective d’un nouveau plan Loup », une concertation aura lieu à la rentrée et une étude a été lancée pour mesurer l’efficacité des tirs sur la prédation de l’animal vis-à-vis des troupeaux », ont indiqué Nicolas Hulot et Stéphane Travert, respectivement ministres de la Transition écologique et de l’Agriculture, co-signataires de l’arrêté sur les abattages.
Le suivi des mesures de protection va aussi être « renforcé ».
Entre le 1er juillet 2017 et le 30 juin 2018, des dérogations pour tirer sur cette espèce protégée pourront être délivrées dans des zones où des attaques sur des troupeaux ont eu lieu. Une fois que le plafond de 32 loups aura été atteint, les huit derniers abattages ne pourront avoir lieu que dans le cadre de tirs de défense, c’est-à-dire par des éleveurs pour repousser une attaque en cours ou imminente sur un troupeau.
« Nous devons collectivement relever le défi de la préservation de cette espèce protégée (…) et assurer des conditions d’élevage, en particulier du pastoralisme, sécurisées pour les éleveurs », a déclaré dans un communiqué Nicolas Hulot.
Pour le ministre, grand défenseur des espèces menacées, ce dossier est particulièrement épineux. « Quand on vient d’une ONG qui a à cœur de défendre la biodiversité, signer un arrêté qui donne le droit d’abattre deux loups, c’est un crève-cœur », confiait-il à Ouest France dimanche dernier. Mais, ajoutait-il, « en tant que ministre, je ne peux ignorer la détresse des éleveurs qui, un matin, trouvent quarante brebis tuées dans leur troupeau ».
Stéphane Travert a lui dit « faire confiance à la concertation et à la dynamique collective pour construire un nouveau dispositif qui satisfasse les ONG et les éleveurs ».
– Les éleveurs mobilisés –
La tâche sera ardue. Ce chiffre de 40 abattages autorisés a été vivement critiqué par plusieurs organisations de protection de l’environnement, qui remettent en cause la pertinence de cette méthode pour diminuer les dégâts sur les troupeaux. Elles préconisent de se limiter à des tirs d’effarouchement.
« L’arrêté poursuit la gestion calamiteuse de ce dossier engagée par le précédent gouvernement », ont estimé France Nature Environnement, Humanité et Biodiversité, la Ligue de protection des oiseaux et le WWF. Ces organisations demandent que le prochain plan de gestion « permette au loup, espèce protégée, d’avoir des perspectives de présence pérenne dans notre pays ».
Le syndicat agricole FNSEA a salué la publication de l’arrêté « après 20 jours d’attente » mais regretté que « le plafond de 40 loups n’ait pas pris en compte l’évolution exponentielle de la population de loups (360 loups, soit + 22% en un an) ainsi que l’explosion des attaques (plus de 10.000 bêtes tuées en 2016) ».
Revenu en France au début des années 90 par l’Italie, le loup est désormais présent dans une trentaine de départements, en particulier dans le sud-est.
Ces dernières années, le nombre d’abattages autorisés a progressivement augmenté : en 2013 et 2014, pour 24 autorisations, il y avait eu respectivement trois et huit abattages déclarés. Mais les dégâts sur les troupeaux, qui ont triplé depuis 2009, restent importants, surtout dans le quart sud-est du pays.
Les éleveurs estiment que les mesures de protection (barrières électriques, chiens de garde, etc.), pour lesquelles ils reçoivent des aides, sont contraignantes (regroupement des troupeaux, présence physique jour et nuit) et ne permettent pas d’éviter toutes les attaques. Ils demandent des abattages plus nombreux et pour certains le déclassement comme espèce protégée.
Ils se sont mobilisés à plusieurs reprises ces dernières semaines (rassemblements à Digne et à Gap le 9 juin, barrage filtrant le 8 juillet en Isère et le 13 juillet dans l’Aveyron sur l’A75) et seront vendredi au départ de l’étape du Tour de France à Embrun (Hautes-Alpes).
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