Le gouvernement vient de publier deux listes de pesticides susceptibles de contenir des perturbateurs endocriniens (PE), au nom de l’information du public, selon le ministère de la Transition écologique et solidaire.
Mises en ligne vendredi sur les sites des ministères de l’Écologie et de l’Agriculture, ces listes – non exhaustives – contiennent les noms d’environ un millier de biocides pour l’une (insecticides pour la maison, produits de protection du bois ou pour l’hygiène vétérinaire), et près de 600 phytosanitaires (fongicides, herbicides, insecticides) pour l’autre.
Ces « listes de produits pesticides autorisés, susceptibles de contenir des substances perturbatrices endocriniennes », sont rendues publiques « conformément aux engagements des ministres de la Transition écologique, de la Santé et de l’Agriculture » le 4 juillet.
Ce jour-là, les États de l’UE – dont la France – s’étaient accordés pour définir les PE dans les pesticides. Un texte salué comme une avancée par le ministre Nicolas Hulot, car devant permettre l’interdiction de certaines substances, mais critiqué par les ONG pour qui il manque d’ambition.
« On a gagné une bataille mais pas la guerre » contre les PE, avait commenté Nicolas Hulot, promettant une série de mesures au niveau national.
Parmi ces promesses, la publication « des produits phytopharmaceutiques et biocides mis sur le marché français qui contiennent au moins une des substances identifiées par la Commission européenne comme perturbateur endocrinien, afin que les citoyens, agriculteurs et professionnels puissent, en l’attente de l’entrée en vigueur concrète de l’exclusion européenne, orienter leurs choix d’achats ».
Cette liste est provisoire, se basant sur d’anciens critères fixés par la Commission, met en garde le gouvernement.
L’ONG Générations futures s’est félicité « que le gouvernement ait tenu sa promesse » de publication, mais « met en garde sur l’intérêt de cette liste ».
« Cela montre qu’il y a une longue liste de produits commerciaux » concernés, dit son directeur François Veillerette. « Mais l’on ne peut dire si elle est suffisamment indicative, car elle ne précise pas quelles matières actives elle inclut ».
Selon l’ONG, 400 à 500 matières actives composent les pesticides d’aujourd’hui, et il faudrait en retirer une quarantaine du marché.
« Cette liste est trop restreinte », juge Charlotte Lepître, de France Nature Environnement, qui appelle la France à « aller plus loin ».
Au niveau européen, la prochaine étape consiste désormais à concrétiser les nouveaux critères de définition des PE: quelle substance interdire ou restreindre, et pour cela quel niveau de preuve de nocivité imposer.
Parallèlement, les ONG espèrent aussi que le Parlement européen rejettera les critères adoptés le 4 juillet, qui incluent des dérogations inacceptables à leurs yeux. Une pétition lancée par Générations futures a recueilli 10.000 signatures en 10 jours.
Présents dans les pesticides mais aussi de nombreux autres produits (cosmétiques, peintures, médicaments, plastiques etc), les PE dérèglent le fonctionnement hormonal, nuisant à la santé et à la reproduction, y compris à de faibles niveaux d’exposition.