Changement climatique ► La production mondiale de café en péril

La demande de café a sérieusement augmenté ces dernières années mais le changement climatique ne fait pas la part belle aux producteurs. Le monde pourrait bien manquer de café.

Le café serait hyper sensible aux variations de température, si légères soient-elles. Ainsi la production mondiale de café est déjà affectée par le changement climatique et risque de l’être encore plus à mesure que la température montera. « Tous les pays seront affectés » ont prévenu les experts et les autorités colombiennes lors du premier forum mondial des pays producteurs qui s’est déroulé du 10 au 12 juillet à Medellin.

Les surfaces cultivables destinées au café pourraient être réduites de moitié en 2050 à cause de la hausse des températures qui favorise en outre le développement de maladies touchant la plante, selon un rapport de l’Institut de climatologie australien de 2016.

Selon l’OIC (Organisation internationale du commerce), la production est inférieure à la consommation depuis deux ans.

Entre octobre 2015 et septembre 2016, 151,3 millions de sacs de 60 kilos de café ont été consommés, soit un déficit de 3,3 millions de sacs comblé par la surproduction des années précédentes.

Depuis 2012, la consommation connaît une croissance annuelle moyenne de 1,3%, ajoute l’organisme.

Selon ce que Roberto Vélez, le gérant de la Fédération nationale des producteurs de café de Colombie (FNC), troisième producteur mondial, a indiqué, mercredi, à l’AFP, « une production inférieure ne pourrait pas répondre à la demande mondiale… Les chocs climatiques sont beaucoup plus virulents ».

Il a pris l’exemple de la vague de gel de 1975 au Brésil, principal producteur et exportateur de grains d’or noir, qui a détruit la moitié de la récolte. Si un tel scénario venait à se répéter, « d’où sortirions-nous 25 millions de sacs ? », a-t-il demandé.

La viabilité des producteurs, dont les revenus sont directement touchés par la perte de récoltes, est un des principaux défis du secteur, selon les experts de l’OIC.

L’économiste américain Jeffrey Sachs a fait valoir que les revenus des producteurs ont baissé de deux tiers depuis les débuts du XXe siècle.

« Lorsqu’il y a un problème lié au changement climatique, ces familles de producteurs, nous parlons de millions de personnes, ont faim et connaissent de graves problèmes », a indiqué Fernando Morales, fondateur de Café for Change, un projet basé à Strasbourg qui soutient les petits producteurs.