Pensez-vous être bipolaire ? Votre conjoint pourrait-il l’être ? Et vos enfants ? Les troubles bipolaires constituent un enjeu majeur de santé publique, méconnu et sous-estimé en France, bien que 650 000 à 1 300 000 personnes en soient atteintes en France.
Cette année, Annie Labbé, présidente d’Argos 2001, et Marion Leboyer, directrice de la Fondation FondaMental, ont invité le public à une journée mondiale placée sous le signe de la prévention, autour de témoignages de patients, de proches, de médecins, de chercheurs et de représentants associatifs et du monde du travail.
Repérage et diagnostic précoce, prise en charge des phases intercritiques et prévention des rechutes, mais également prévention des ruptures sociales, familiales et professionnelles… différents thèmes ont été abordés durant les deux jours.
Plus connus sous le nom de «maladie maniaco-dépressive», les troubles bipolaires se caractérisent par des fluctuations extrêmes de l’humeur, avec une alternance de périodes d’excitation et de dépression, entrecoupées de périodes normales. Les conséquences d’une telle oscillation peuvent être particulièrement graves dans tous les domaines, financier, social, professionnel, familial…
Il nous est tous arrivé de passer de l’euphorie à la colère, c’est-à-dire d’une humeur extrême à une autre. Cette alternance n’a eu aucune conséquence. En revanche, chez les personnes atteintes de troubles bipolaires, cette fluctuation est persistante, douloureuse et invalidante.
Cette maladie touche 2% de la population, soit près de 1 300 000 Français. Elle se déclare en général entre 15 et 25 ans, autant chez les hommes que chez les femmes. 25% des personnes touchées ont fait des tentatives de suicide, fatales dans 15% des cas.
Les sujets qui souffrent de cette maladie psychique oscillent perpétuellement entre trois états plus ou moins fréquemment et plus ou moins intensément :
1. L’état maniaque
Euphorie ou irritabilité, augmentation de l’estime de soi, idées de grandeur, accélération des pensées, fuites des idées, forte augmentation des activités, diminution du besoin de sommeil, etc. Or cet état d’hyperactivité peut avoir des conséquences fortement dommageables, comme par exemple des dépenses inconsidérées d’argent. À noter que le terme « maniaque » ou « manie » au sens psychiatrique désigne un état d’excitation anormal et non pas les manies au sens populaire désignant des habitudes stéréotypées.
2. L’état dépressif
Tristesse, perte d’intérêt, fatigue, ralentissement psychique et moteur, modification de l’appétit et du sommeil. Cette humeur dépressive peut avoir de fortes répercussions dans le domaine social et professionnel, sans oublier un risque suicidaire.
3. L’état normal
Mais chez certains patients, des troubles peuvent persister : difficultés de sommeil, hyper réactivité émotionnelle, troubles cognitifs…