Monsanto, l’entreprise américaine spécialisée dans les biotechnologies agricoles, avec son produit, Roundup, s’est pris un coup quand la justice fédérale américaine a déclassifié, mardi 14 mars, plus de 250 pages de correspondance interne de la firme agrochimique.
Celle-ci montre que l’entreprise s’inquiétait sérieusement, dès 1999, du potentiel mutagène du glyphosate, principe actif de son produit phare, le Roundup, et molécule phytosanitaire la plus utilisée au monde.
Le produit et ses similaires sont utilisés partout dans le monde sur toutes sortes de productions, de l’industrielle au jardin individuel.
En France, c’est Bruxelles qui dit ce qu’on doit faire avec le Roundup et pour le moment, le tueur de mauvaises herbes – et de bonnes – est toujours autorisé à la vente. La décision avait été prise l’année dernière et un peu passée inaperçue tant les esprits étaient tournés, à l’époque, vers le Brexit.
C’est, selon toute vraisemblance, à la fin de l’année que le sort du Roundup pourrait être scellé. C’est surtout sur l’interdiction d’une substance qui entre dans la composition du produit, le glyphosate, « un perturbateur endocrinien » selon ses détracteurs, que la question se posera à nouveau, au moment de la publication des résultats de l’étude effectuée par l’Agence européenne des produits chimiques.
En 2016, la France s’était opposée à la prolongation qui accordait six mois aux industriels pour retirer la substance de leurs produits. La commission européenne souhaitait au départ, faute d’accord entre les Etats (pas unis), accorder un délai de plusieurs années (de 9 à 15 ans) à l’interdiction de la substance.
Les conclusions contradictoires des scientifiques sur le caractère cancérigène du glyphosate ont dressé l’industrie chimique et certains cultivateurs contre les écologistes et des associations de consommateurs. Le glyphosate, tombé dans le domaine public en 2000, est utilisé dans des centaines de produits pour un marché mondial évalué à 6 milliards de dollars selon les ONG. Il est le premier désherbant utilisé par les agriculteurs français qui s’inquiètent du manque d’alternatives en cas d’interdiction en Europe.